Ce dimanche, plusieurs associations environnementales appelaient à venir planter des arbres sur le site de La Prévalaye à Rennes. Une zone verte, en partie occupée par des terres agricoles, mais où la ville prévoit de développer du tourisme et d'étendre les terrains d'entraînement du Stade rennais
Ils sont venus avec leur pelle-bêche et leurs bottes pour planter des arbres sur le site de la Prévalaye à Rennes, une zone verte, située directement à la périphérie ouest de la ville. Bravant les averses, plusieurs centaines de personnes ont ainsi répondu à l'appel ce dimanche. "C'était une grosse surprise, se réjouit Alfaël, militant d'Extinction Rébellion, la pelle sur l'épaule tout le monde a suivi pour se mettre à planter !"
La vallée de la Vilaine, un espace touristique
Cette action très symbolique, a été lancée à l'initiative d'un collectif de sauvegarde du site et de nombreuses associations environnementales, pour marquer l'opposition à l'urbanisation de ces terres. Sur cette zone, il est en effet envisagé une extension des terrains d'entraînement du stade rennais voisins, un projet présenté publiquement le 2 février prochain. La ville prévoit encore d'en faire un espace de tourisme, appelée "Vallée de la Vilaine". "Alors occupons le terrain !" c'était le mot d'ordre de la manifestation.
Nous voulons réaffirmer notre opposition à l'artificialisation des terres bien vivantes. Nous refusons que le vivant soit fragilisé, bétonné, abattu, détruit, au nom du tourisme ou d'une économie qui rentabilise les investissements en capitaux. Nous dépendons des écosystèmes et de la biodiversité qui les composent. Protégeons-les, pour être protégé·es en retour !
L'association Forêts en Devenir a fait don de 200 plants pour cette opération de plantation, une centaine de framboisiers, mais encore des noisetiers, des marronniers et des saules.
La #Prévalaye est menacée par les aménagements de loisirs urbains et par le projet d'EXTENSION du #StadeRennais sur des terres fertiles
— Attac Rennes (@Attac_Rennes) January 28, 2021
? RDV dimanche pour une ? Plantation Rébellion ??Chemin Robert de Boron pic.twitter.com/iOKBikpFJ7
La Prévalaye représente un espace de quelque 400 hectares, en bordure de la vallée de la Vilaine, comprenant les étangs d'Apignés, bien connus des Rennais, mais encore un centre de loisirs, un éco-centre, des jardins familiaux et deux exploitations agricoles. Un espace préservé, très vert et peu urbanisé. Les manifestants dénoncent les aménagements déjà réalisés, à des fins touristiques, des allées bitumées, des sanitaires, un skate-park et un ensemble d'éléments urbains qui grignotent l'espace naturel et menacent la biodiversité. "Nous nous opposons à cette artificialisation des sols et de ces terres fertiles, situées à proximité immédiate de la ville, et qui permettent le développement de circuits courts, explique encore Alfaël, des circuits courts qui sont pourtant une vraie réponse au dérèglement climatique."
Deux exploitations agricoles alternatives, l'une coopérative, l'autre en permaculture, qui louent leurs terres à la ville de Rennes, le Jardin des Mille Pas et Permag'Rennes se trouvent en effet directement concernées par les projets d'aménagement en cours et à venir et craignent pour leur survie.
Abandon du projet de centre commercial Open Sky pour préserver l'environnement
L'artificialisation des terres est une véritable question pour les villes aujourd'hui. Dans la périphérie rennais et sur ce même thème, il y a peu, le projet Open Sky, centre commercial d'envergure, a été abandonné suite à de nombreuses oppositions. Ce centre envisagé sur quelque 10 hectares, au nord ouest de Rennes, dans la zone de Cap Malo à Pacé, avait fait l'objet de nombreux recours juridiques par des associations qui dénonçaient en particulier un projet inutile et néfaste pour l’environnement. Pour les élus, cette renonciation était justifiée en effet par la préservation des terres agricoles et le maintien d'un équilibre économique entre la périphérie et les centres-villes. Ce retrait du projet a abouti à une indemnisation record de 5,5 millions d'euros pour le promoteur. Une indemnisation, elle encore controversée.
Développement urbain et artificialisation des terres agricoles
Aujourd'hui les villes, et Rennes tout particulièrement avec sa ceinture verte, sont confrontées à une équation difficile à résoudre. Continuer à se développer et accueillir de nouvelles populations, sans gagner sur les terres agricoles environnantes, et en évitant aussi une densification urbaine trop importante, aujourd'hui souvent dénoncée par les habitants. Une population, qui refuse cette bétonisation, les chantiers permanents, et l'appétit des promoteurs, comme des remises en question de leur qualité de vie et de l'identité de leur ville. Un dilemne particulièrement compliqué. Et de vraies questions pour les villes de demain.