Rennes : des lycéens ont-ils été maltraités par les forces de l'ordre lors d'un blocage ?

Lycéens et syndicats dénoncent une "interpellation brutale", teintée de propos sexistes, lors d'une intervention de la police sur un blocage du lycée Brequigny de Rennes, ce vendredi. 

Sur les réseaux sociaux, ces dernières heures, des lycéens racontent l’intervention des forces de police vendredi 21 mai devant le lycée Bréquigny à Rennes, l’un des plus gros établissements de France. Et leurs témoignages interrogent. 

Il est 7 h30 ce 21 mai. C’est le cinquième jour de blocage pour des lycéens qui refusent l’idée de passer le baccalauréat dans un contexte sanitaire incertain et demandent l’application du contrôle continu.

Mais quand les jeunes gens arrivent devant le portail, l’administration du lycée est déjà là, accompagnée des forces de l’ordre. L'accès est ouvert.

Sur Twitter, Instagram, les manifestants expliquent : "un petit groupe est parti à la recherche de poubelles pour bloquer l’accès. Sur la route, raconte une des élèves, deux camions de policiers nous font barrage. Ils avancent droit sur nous et percutent violemment les poubelles derrière lesquelles nous sommes."

Les jeunes gens se dispersent, poursuivis par les policiers. Une jeune mineure, qui préfère garder l'anonymat, est stoppée dans sa fuite par trois policiers : "l’un d’entre eux veut prendre des photos de mon visage, je refuse en disant que je connais mes droits, mais ils m’arrachent mon masque et mon piercing à l’oreille. Mon oreille est en sang."

Elle explique que sous l'effet de la douleur et de la peur, elle se débat et donne "malencontreusement" un coup dans le genou d'un policier

Un des gardiens de la paix lui aurait alors lâché :" Oui, c’est ça, jouis vas y ! "

 

 

Une version contestée

La jeune fille explique qu’elle aurait alors reçu un coup de poing dans la mâchoire, avant d’être conduite au commissariat pour être placée en garde à vue. "J’ai eu, écrit-elle, l’impression de n’être qu’un vulgaire animal enfermé dans une toute petite cage."

 Elle est ressortie du commissariat huit heures plus tard, avec une citation à comparaître le 20 septembre devant un juge des enfants pour "outrages à agent exerçant l’autorité". Le policier a porté plainte contre elle pour le coup qu’il a reçu au genou.

"Lors de son audition en présence d'un avocat, indique Philippe Astruc, le procureur de la République, elle n'a à aucun moment évoqué des propos sexistes ou des gestes déplacés de la part des policiers."

Pendant que cette première lycéenne partait pour le Commissariat, une autre raconte qu’elle se serait retrouvée prise à partie par deux membres des forces de l’ordre, qu'elle aurait été victime d'attouchements et de propos sexistes. "Je vais te tringler", "Si je te rattrape, je te viole". Des propos et des actes impossibles à vérifier, mais la jeune fille aurait fait savoir qu'elle souhaitait porter plainte. 

"S'ils peuvent le prouver, on verra s'ils ont des éléments", répond David Leveau, secrétaire régional Unité-SGP Police FO, "mais il ne faut pas inverser les faits, c'est eux qui voulaient bloquer le lycée !"

"Dans le lycée, tout le monde était choqué, il y avait des larmes" témoigne une élève,  "on ne comprend pas ce qui s'est passé. pourquoi cette violence, ces mots, ces gestes ? On voulait juste manifester !"

De nouveaux rassemblements annoncés devant le lycée

Depuis vendredi, les enseignants du lycée tentent d’accueillir la parole des jeunes, et espèrent que la situation pourra s’apaiser.

Les syndicats d’enseignants dénoncent des propos inadmissibles des policiers envers des lycéennes. Sud éducation 35 exige l’arrêt des violences et des menaces contre les élèves mobilisés et demande la suppression de la plainte à l’encontre de l’élève interpellée vendredi. Claire Charlès, présidente de l’association féministe "Les effronté-es" demande que toute la lumière soit faite : "nous exigeons qu’une enquête de l’IGPN soit demandée par le Ministère de l’Intérieur afin que les policiers qui se sont rendus coupables d’actes délictueux soient poursuivis."

De nouveaux rassemblements de lycéens sont annoncés pour protester contre le baccalauréat, et contre ces "violences policières". 

 

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