Dans un communiqué publié ce soir, les élus de la majorité rennaise crient leur colère et leur désarroi. Alors que les fortes chaleurs sévissent toujours, des personnes vulnérables sont à la rue. Ils demandent à l’Etat d’agir.
"Jamais nous n’avons connu autant de familles en grande vulnérabilité dans les parcs et les rues de notre ville. Personnes âgées, enfants lourdement handicapés, diabétiques, épileptiques ou encore femmes enceintes et nourrissons, il semblerait que pour l’Etat, plus aucun critère de vulnérabilité ne prévale", écrivent les élus de la majorité rennaise dans un communiqué.
Cet été, ils seraient 70 à errer de chambres d’hôtel en logements de fortune. Et en tente, dans le parc de la Touche.
"Aujourd’hui, là-bas, il y a 3 bébés de moins de 2 mois, se désespère Valérie Faucheux, co-présidente du groupe écologiste et citoyen de la ville de Rennes. Le 115 héberge les mamans et les bébés à la sortie de la maternité jusqu’au premier mois, et après, c’est dehors."
"Il y a aussi trois personnes en fauteuil roulant dont deux enfants. Une petite fille de 8 ans qui souffre d’encéphalite. Elle pèse 16 kilos. Quand le thermomètre est monté à 40 degrés dimanche 17 et lundi 18, elle a eu une prise en charge, mais mardi matin, elle était elle aussi dehors."
L’élue ne cache ni sa colère, ni son désarroi. "Rennes est une des villes qui fait le plus pour l’hébergement des exilés, explique-t-elle. Nous sommes arrivés au bout de notre capacité financière et matérielle à faire à la place de l’Etat. Nous hébergeons en permanence 950 personnes, rappelle Valérie Faucheux, et nous consacrons 6 millions d’euros du budget du CCAS par an pour héberger les familles."
En 2020, la caserne des pompiers du Blosne a été transformée en centre d’accueil d’urgence. Une centaine de personnes y sont hébergées, "aujourd’hui, on n’a plus de bâtiments disponibles, on ne sait plus quoi faire, enrage l’élue. L’Etat s’est beaucoup trop reposé sur nous."
Le ministre interpellé
Lors de la visite du ministre de la Santé, François Braun, les élus rennais l’ont interpellé. "Il parle de personnes vulnérables qu’il faut protéger. Dans le Code des Affaires sociales et familiales, il est écrit noir sur blanc que l’Etat a l’obligation de mettre les personnes vulnérables à l’abri. Si des nourrissons, des femmes enceintes ou des personnes en fauteuil ne sont pas vulnérables, alors qui l’est ?", s'étonne Valérie Faucheux.
Le modèle allemand
Le 6 juillet dernier, l’Allemagne a adopté un projet de loi pour régulariser 130 000 personnes immigrées. "On pourrait faire la même chose", suggère Valérie Faucheux.
"Les 950 personnes que nous prenons en charge seraient régularisées, auraient un travail, un toit, retrouveraient leur dignité. Il y a plein d’emplois à pourvoir remarque-t-elle et les gens qui vivent ici depuis des années, ne repartiront pas."
"Seule cette régularisation permettra de désengorger les dispositifs de mise à l’abri; affirme le communiqué. Nous, élus, craignons qu’il n’y ait un drame, nous refusons de nous habituer à l’indignité et à la violence faites à ces personnes."