Un soir de concert à l'Ubu à Rennes, sur scène le groupe "Smooth Motion" assure la première partie. Ils sont accompagnés par Pascal, interprète en langue des signes. Pas une première pour ce passionné de musique qui aimerait bien "chansigner" plus souvent. 

Sa présence est discrète ce soir-là à l'Ubu à Rennes mais on le remarque assez vite. Sur scène, alors que le groupe paimpolais "Smooth Motion" assure la première partie, Pascal se met à signer. Il interprète en langue des signes les textes du groupe. 

Une première


Pour la salle de concerts et pour les membres de "Smooth motion" ce dispositif est une première. Cette initiative a eu lieu sous l'impulsion du festival Zanzan Cinéma et arts des différences. "L'association Transmusicales nous a proposé un interprète" raconte Camille, claviériste des "Smooth Motion", "ça nous a plu, j'aime bien l'idée que tout le monde puisse accéder à la musique, même ceux qui ne peuvent pas l'entendre" ajoute t-il. Le groupe a rencontré Pascal le jour-même. Lui avait eu les textes en amont, qu'il a traduits et adaptés de l'Anglais au Français. Camille envisage d'aller plus loin "j'aimerais faire de la musique pour les personnes sourdes, avec des vibrations."


"Je me démerde pour trouver les textes, les rythmes"


Pascal signe depuis 30 ans, après un coup de foudre pour la langue qu'il trouve jolie. À l'époque, il est ambulancier, transporte deux adolescentes. Les trouvant bien silencieuses, il se rend soudain compte qu'elles échangent avec leurs mains. "Comme je n'aime pas beaucoup parler, c'était un moyen pour moi de m'exprimer" dit-il. Il se lance, apprend directement en s'imposant auprès de la communauté sourde, puis rentre dans une école d'interprétariat où il apprivoise la technique. Il est désormais salarié pour l'URAPEDA (Union Régionale des Associations de Parents d’Enfants Déficients Auditifs). 


Pour Pascal, la scène n'est pas une inconnue. Elle reste pourtant un espace encore trop peu exploité en France lorsqu'il s'agit de la langue des signes. "C'est assez dur, les groupes ou plutôt ceux qui les accompagnent ne comprennent pas. Le handicap fait peur."

Il souligne "Aux États-Unis, tous les concerts ont des interprètes, ils sont sur scène, comme un membre du groupe. Ils ne sont pas cachés."


Pascal signe pour le théâtre, pour la musique. Ce collectionneur de vinyles passionné a déjà "chansigné" avec Arno, Stupeflip (l'un de ses meilleurs concerts) ou encore la Rue Ketanou. En général, il récupère la liste des chansons, travaille sur les textes, trouve le rythme. Il est rarement payé pour ses prestations sur scène. Il fait ça pour le plaisir. 

Le chant du signe


Faire émerger le "chansigne" en France reste un enjeu. La langue des signes ne doit pas devenir qu'un prétexte pour dire "on rend notre festival accessible" en ne proposant qu'un titre signé. Pascal insiste "je veux traduire le concert du début jusqu'à la fin". D'autres comme lui travaillent à rendre la musique accessible comme Lady Tual. 



Vibrations
En plus du chansigne et pour rendre accessible un concert aux personnes sourdes et malentendantes, il est possible d'utiliser des colonnes vibrantes qui renvoient les "basses". Il existe aussi des sacs à dos vibrants appelés "subpacs", peu connus pour le moment. Enfin, le sur-titrage qui envoie les paroles en direct, est assez simple à mettre en place. "La difficulté de ces dispositifs réside à faire comprendre aux organisateurs et aux groupes que cela est important afin d'inclure tous les publics, donc les malentendants et sourds, pour ne former que "le Public"" explique Philippe Thomas Directeur du festival Zanzan Cinéma et arts des différences.
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