Rennes : quand une association mobilise des compétences pour créer une machine à lire pour malvoyants

Durant deux jours à Rennes, l’association My Human Kit a planché sur des solutions pour faciliter le quotidien des personnes malvoyantes. Parmi les projets, la création d'une machine à lire autonome pour scanner des documents. Rencontre avec ces bénévoles au service du plus grand nombre. 

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Lorsque vous arrivez au second étage de l'hôtel Pasteur à Rennes, une vingtaine de personnes s'activent autour de plans, d'ordinateurs, d'imprimantes 3D ou sont tout simplement en train de découper de fines planches de contre-plaqué. 

Tous ces bénévoles ont répondu présent au "Fokus Vision", un hackathon à l’Hôtel Pasteur sur la thématique de la déficience visuelle. Ces deux jours d'ateliers sont organisés par My Human Kit, une association rennaise qui invente, fabrique et partage des solutions d’aides techniques pour et avec des personnes en situation de handicap.

Deux projets sont, ces jours-là, en conception : un jeu de cible, appelé Céci’ble, qui peut être pratiqué par un malvoyant sans l’aide d'un tiers et une machine à lire autonome permettant le scan de documents en format A4 et la lecture du texte à l'aide d'une synthèse vocale.

 

Au départ d'un projet, une demande spécifique

D'emblée, Nicolas Huchet, le responsable développement de l'association, précise que les projets émanent à l'origine de besoins de personnes en situation de handicap. Dans ces ateliers de conception et de fabrication, ils lancent l'idée de départ et doivent "fédérer une équipe en utilisant la force combinée de la solidarité (Tous Ensemble), du fait maison (Do It Yourself) et de la fabrication numérique (FabLab)" comme l'explique l'association.

Pour la machine à lire, c'est François Le Berre, malvoyant, qui chapeaute le projet, avec comme objectif de sortir en deux jours de réflexion, de travail et de fabrication, une "machine à lire" qui puisse scanner des documents A4 et lire le texte grâce à une voix de synthèse. Le tout pour un budget de 150 euros alors que des appareils de ce type existent dans le commerce pour plusieurs milliers d'euros. Une machine qui "répond tout simplement au besoin quotidien que peuvent avoir les déficients visuels" précise François.
 


Une émulation de groupe

Un projet qui repose avant tout sur l'équipe d'une dizaine de personnes mobilisées. Ils sont soient makers (programmeurs, électroniciens, concepteurs 3D, créatifs) ou designers de l’EESAB (école supérieure d’art) ou encore ergothérapeutes, éducateurs spécialisés, issus du centre Angèle Vannier pour déficients visuels, du Foyer de Vie André Breton ou encore de l’IFPEK (institut de formation en ergothérapie). Une dynamique de groupe comme le précise Nicolas Huchet qui transparaît autour de la table de travail.

Elodie Lambert, étudiante en ergothérapie, réalise la notice du prototype de la machine à lire. Une notice qui se doit d'être également en braille. Elle se dit ravie de participer à un tel projet : "ça permet de travailler en équipe pluri-professionnelle avec des métiers avec lesquels je n'ai pas l'habitude de collaborer, ce qui est très intéressant. De plus, à un projet qui sera partagé pour tous sur le web."
 


Un prototype disponible en Open source

L'un des intérêts de la démarche du hackathon réside dans la volonté de partager au plus grand nombre, la réalisation de ces prototypes. Ainsi, toutes les étapes de réflexion, de conception et de fabrication des prototypes, réussies ou même en échec partiel, sont mise en ligne afin que tous ceux qui veulent le reproduire par la suite puisse le faire chez eux à l'autre bout du monde ou en collaboration avec un autre Lag Fab. 

Ce jeudi soir, après deux jours de matière grise en ébullition, de découpage de plaques, de confection de boutons, de collage et de développement informatique, la machine à lire, un peu rudimentaire en apparence, mais en dessous des 150 € de composants, réussissait à lire et retranscrire oralement les textes d'une feuille A4.
 


La documentation nécessaire à la reproduction de la machine à lire sera disponible ICI d'ici trois semaines environ, le temps d'être rédigé par un bénévole.

De même, tous les projets fabriqués dans le cadre de ces hackathons sont à retrouver gratuitement en ligne afin d'être reproduits, améliorés et adaptés aux besoins de chacun.

 

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