Ils sont présents dans les cosmétiques, les pilules contraceptives, et on les retrouve partout dans notre environnement. Mais quel impact ont les perturbateurs endocriniens sur notre santé, et plus particulièrement sur notre cerveau ? A Rennes, des recherches sont en cours, qui mesurent leurs effets à court et à long termes.
Les poissons-zèbres au secours de la recherche fondamentale. Ces petits poissons blanc et gris qui peuplent l'animalerie d'université Rennes 1 sont un excellent modèle, "car c'est un animal au cycle de vie assez rapide" explique Pascal Coumailleau, enseignant-chercheur à l'IRSET.
Avec "un développement embryonnaire et larvaire très rapide", c'est une aubaine pour qui travaille, comme Pascal Courmailleau, sur un organe comme le cerveau.
La Région et l'agence nationale de la Recherche finance ces travaux de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET) : de la recherche fondamentale, à partir de ces poisons de laboratoire, qui permettent de mesurer les effets de ces fameux perturbateurs endocriniens.
"Ce sont des molécules dérivées de la pilule contraceptive que l'on va trouver dans l'eau, différentes molécules comme les bisphénols que l'on va retrouver dans des produits cosmétiques" énumère Thierry Charlier, professeur à l'Irset. "On va les retrouver dans l'environnement, donc ils vont probablement impacter notre santé, et celle de l'environnement".
Un morceau de sucre dans l'océan
Le groupe de chercheurs travaille sur le cerveau, et plus précisément ses premières cellules, dites progénitrices.
En comparant différents groupes d'animaux, l'équipe a déjà mis en évidence des altérations dans le fonctionnement cérébral des animaux qui ont été exposés à ces perturbateurs endocriniens.
"Ce sont des concentrations qui sont extrêmes faibles, comme un morceau de sucre dilué dans l'océan, et dont l'impact sera très subtil" explique Thierry Charlier. Mais qui au niveau de toute une population, "avec 1 à 2% des individus touchés, comme pour le Covid", peut avoir un impact significatif.
Sur le long terme
"On a différents types de résultats qui montrent que des molécules comme le bisphénol, vont impacter le système nerveux, la synthèse de certains enzymes, de certaines hormones, directement dans le cerveau" développe Thierry Charlier.
Les chercheurs veulent maintenant savoir si les effets de ces molécules perdurent dans le temps, "plusieurs semaines, plusieurs mois après l'exposition " indique Thierry Charlier. Ils travaillent pour cela avec des animaux adultes qui ont été exposés, mais qui ne le sont plus.