Longtemps la sexualité des résidents en hôpital psychiatrique est restée niée, même si, comme partout, elle a toujours existé. Aujourd'hui, l'administration, les médecins, les soignants, les familles acceptent, un peu, de la considérer. Pas simple. Enquête dans un hôpital psychiatrique.
Thierry boit son café, solitaire. Il attend des gens à qui parler. Grisonnant, le cheveu gras qu'il repousse en arrière d'un geste compulsif, la mine émaciée, il dit "ne pas habiter très loin". "Venir ici me permet de voir des gens, de pas déprimer, quoi", ajoute-t-il. En dix minutes, le quinquagénaire brasse dix sujets de conversation. Il disserte sur la géopolitique, s'enflamme sur la littérature, avant de déplorer sa virginité… Trois tables plus loin, dans le fond de la salle, un homme discute seul. Il exulte, murmure, s'énerve parfois, juste avant d'éclater de rire.
Bienvenue au centre socio-thérapeutique et culturel, un lieu de vie installé à l'entrée de l'hôpital psychiatrique Guillaume-Régnier, à Rennes. La cafèt' est gérée par des infirmiers, des aides-soignants et des patients. Un baby-foot prend la poussière à côté d'une étagère branlante, sur laquelle sont entassés livres et jeux de société. Les regards sont méfiants. Alors, parler de sexe de but en blanc...
Forcément, les premiers échanges sont laborieux. Mais passées les frilosités, les langues se délient. Patrick raconte comment une aide-soignante est intervenue manu militari dans une chambre tandis qu'une patiente faisait l'amour avec son petit-ami... En présence de trois autres résidents. Malaise dans le service.
Lisez la suite de notre enquête sur sexclus.fr, le weddocumentaire des étudiants du Master journalisme de Sciences Po Rennes. Trois mois d'enquête auprès des patients d'hôpital psychiatrique, de résidents d'Ehpad, de prisonniers, de personnes handicapées et de sans-abri pour lesquels la sexualité est empêchée.
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