Sidaction. Christophe, porteur du VIH : « Personne n’est capable de me dire ce qui m’arrivera si j’attrape le Covid-19 »

Christophe est séropositif depuis 16 ans. Ses traitements ont accentué son état anxieux au point de le faire sombrer dans la dépression. L’épidémie de Covid-19 a décuplé toutes ses angoisses et ses dépendances. A l'occasion du Sidaction, il nous livre son témoignage brut et sans tabou.

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"Je suis homosexuel, séropositif, handicapé, toxicomane et dépressif." Mi-ironique, mi-désabusé, Christophe 42 ans raconte son quotidien d’homme oublié.

Après une enfance sombre et chaotique, souffrant d’un handicap à la jambe et de plusieurs pathologies, il a 26 ans lorsqu’il est infecté par le VIH au cours d’une fellation non protégée, l’un des modes de contamination les plus rares : "J’avais une gingivite et mon partenaire avait une charge virale importante. Il ne savait pas qu’il était séropositif."

Un premier traitement lui brûle l’estomac. Un second accentue gravement son état dépressif.  "J’étais déjà quelqu’un de très anxieux mais là, j’ai commencé à penser à ma fin de vie. Ça ne m’a plus jamais quitté."


"Le Covid, une épée de Damoclès"

La charge virale de Christophe est indétectable, il ne peut plus transmettre le VIH. Restent les pathologies physiques et psychiques, les addictions et les difficultés sociales. Lorsque l’épidémie de Covid-19 survient, ses angoisses deviennent trop fortes. "Le Covid, c’est une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je suis immunodéprimé et personne n’est capable de me dire ce qui se passera si j’attrape le virus."

Selon la Haute autorité de santé : "Les données de la littérature actuellement disponibles suggèrent que le risque de décès de Covid-19 est plus élevé chez les personnes vivant avec le VIH, à l’exception d’une étude. Cependant, il apparaît que dans plusieurs études, ce risque observé pourrait être dû à certaines comorbidités à risque, fréquentes chez les personnes vivant avec le VIH." 

Elle a donc décidé de ne pas rendre les personnes séropositives prioritaires à la vaccination. En attendant, l’homme évite les consultations médicales où il craint de croiser des porteurs du Covid-19. Les pensées sombres s’amoncellent.


Des pratiques encore plus à risque

Paradoxalement, il multiplie les relations sexuelles en groupe et sous amphétamines, une pratique plus connue sous le nom de "chemsex" : "Je n’ai jamais fait d’aussi grandes partouzes que depuis le premier confinement. J’ai multiplié ma consommation de drogue par trois. J’ai bien conscience que c’est une conduite à risque mais j’ai besoin de tout ça pour me sentir moins mal, évacuer la pression, calmer l’angoisse, parce que le système médical ne m'apporte pas de solutions."  

Lors du premier confinement, Christophe sortait tout juste de sa première cure de désintox. L’homme ne bénéficie d’aucun suivi pendant le confinement, il replonge 10 jours plus tard. Il estime aujourd’hui que couvre-feu et confinement "feront bien plus de malades que le Covid-19 lui-même."

 

VIH. Des dépistages en baisse

Depuis le début de la crise sanitaire, le dépistage organisé tous les jeudis au local de l’association AIDES a été maintenu à Rennes mais sur rendez-vous uniquement. Près de 200 tests rapides ont aussi été envoyés par la poste. 

Malgré cela, en 2020, les chiffres du dépistage au VIH inquiètent Mathieu Stephan, trésorier de l’association Aides en Bretagne : "Pendant les confinements, on a assisté à une baisse de 60% des tests rapides. Sur un an, on en a réalisé 2 000 contre 3 à 4 000 habituellement. Ce que nous craignons désormais, c’est que l’épidémie du Covid en cache une seconde, celle du VIH."

Cédric Arvieux, médecin au CHU de Rennes et en charge de la coordination de la lutte contre le VIH en Bretagne (COREVIH) confirme : "En Bretagne, lors du premier confinement, des consultations de dépistage ont été fermées, parfois pendant 6 semaines. Mais en même temps, nous avions moins de sollicitation du fait de la diminution des prises de risques avec la limitation des occasions de rencontre."

A la sortie du confinement, ont aussi été organisées des téléconsultations pour rattraper les traitements "PrEP" pour prise de prophylaxie pré-exposition, un traitement médicamenteux préventif qui empêche l’infection par le virus du sida chez des personnes séronégatives. Ce traitement concerne environ 800 personnes non porteuses du VIH en Bretagne, principalement des hommes. 

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