Simon Carpentier, de The Popopopops à Her, la voix d'une ville en feu : l'hommage rendu au Thabor par I'm From Rennes

Un hommage sera rendu ce jeudi 12 septembre à Simon Carpentier, cofondateur du groupe Her, en baptisant une scène du parc du Thabor à son nom. Le musicien rennais, disparu en 2017 à seulement 27 ans, a marqué la scène locale avec ses compositions emblématiques et son énergie fédératrice, laissant une empreinte indélébile sur la musique rennaise.

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"Simon a créé le dernier grand groupe de Rennes." Lâchée par Samuel Chapelain, la note résonne dans la salle de répétition. Pour l'ancien des nuits enfiévrées de l’UBU et des Transmusicales, le constat est sans appel. Face baissée, la gorge nouée, il se souvient de ce gamin devenu un musicien de talent.

Simon Carpentier : une étoile filante du rock rennais

Jeudi 12 septembre 2024, Rennes se souviendra. La scène du parc du Thabor portera le nom de Simon Carpentier, parti trop tôt, à 27 ans, comme une étoile filante du rock. Un "musicien solaire", ultrasensible, capable d’accidents magiques en studio. Ses proches joueront pour lui, pour rappeler qu’il était l’âme brûlante de la nouvelle scène rennaise.

Ensemble ils vont interpréter quelques morceaux iconiques écrits et chantés par leur ami. Un hommage pour ce musicien emporté par un cancer à l’été 2017.

De la cave du lycée à la scène mondiale

Simon Carpentier, c’est d’abord une voix, un morceau, "Five Minutes", qui explose grâce à une pub Apple et propulse son groupe Her sur la scène mondiale. Un son mijoté autour des rues pavées de la rue Saint-Michel en triturant les plus grandes voix de la Soul. Il en sort un disque composé tout en finesse, Tape #1, qu'il défend avec son complice sur scène Victor Solf.  

Avant ça accompagné de Vincent, Guillaume, Léonard et déjà Victor, il avait déjà secoué Rennes avec The Popopopops en 2007. Pour les Rennais, Simon c’était plus qu’un artiste : c’était le mec qui incarnait la scène locale, celui qui avait transformé la ville en terrain de jeu musical.

Louis Kuipers, son complice à la guitare, se souvient : "Le son si reconnaissable de Her ? Tout est parti d’un accident. J’ai trop fait saturer une note en répétant 'Five Minutes' chez lui à Dinard. Et Simon a adoré. Il m’a dit : ‘C’est ça, fais toujours ça !’" Ce genre de génie instinctif, capable de créer des moments uniques, c’est ce qui faisait de Simon un musicien à part. Sensible, il savait manipuler les sons, bruts ou hyperarrangés, toujours au service de l’émotion.

The Popopopops : l'urgence de la jeunesse rennaise

Tout a commencé dans la cave d’un lycée rennais, Zola. Simon Carpentier et ses potes montent The Popopopops alors qu’ils sont à peine en terminale. "Ils répétaient dans la cave du bahut. J’étais leur surveillant, c’est moi qui ai transformé ce sous-sol en salle de répèt’", raconte Samuel, sourire en coin. Quelques jours plus tard, ils sortent "Dance Tonight", un morceau qui capture l’urgence de la jeunesse. Jean-Louis Brossard, grand manitou des Transmusicales, les repère. Ils explosent au VIP des Trans, et la machine est lancée.

Dans une Rennes bouillonnante des années 2010, Simon et ses acolytes sont partout. Verres au Oans Pub, concerts sauvages à la salle de la Cité, répétitions dans des garages... De ces nuits effervescentes naît une idée : un festival qui célèbre la scène locale. C’est ainsi que I’m From Rennes voit le jour, en pleine fusion des nouveaux albums de quatre groupes d’amis. Une aventure collective, née de l’énergie brute de la scène rennaise.

Une scène rennaise en pleine ébullition

"Simon, c’était un fédérateur. Il savait embarquer tout le monde dans ses projets." Michaël Declerck, alias Mitch, c’est le frère d'âme, celui qui a tout partagé avec lui, sur scène comme en studio. Aujourd'hui, Mitch réalise des albums, mais il est surtout là pour cet hommage, un moment impossible sans lui. Homme de l’ombre, perfectionniste, il veille à ce que chaque note résonne parfaitement, pour le public, mais surtout pour Simon.

"Il avait l’air léger, mais c’était un bourreau de travail", se souvient Mitch. "On bosse encore dur pour rendre justice à ses morceaux." Une fête comme Simon l'aurait aimé. "Cette soirée, Simon l'aurait fait comme cela pour un autre, sûrement en travaillant encore plus d'ailleurs !" 

Cet hommage, ce n’est pas juste un concert : c’est un événement clé pour la scène rennaise. Simon, a été le président et fondateur du collectif I'm From Rennes qui depuis plus de 10 ans, incarne l’âme de la diversité musicale locale. 

Avec son groupe Her, Simon avait fait un concert mémorable sur la scène du théâtre de l’Enfer au coeur du Thabor.

Cédric Bouchu

Programmateur de I'm From Rennes

Cédric Bouchu, programmateur historique du festival, a vu Simon de très près. Ensemble, ils ont transformé "I’m From Rennes" en un passage obligé pour toute la ville. "Simon, avec Her, avait livré un concert mémorable sur la scène du théâtre de l’Enfer, au cœur du Thabor," raconte Cédric. Ce moment est gravé dans les mémoires rennaises.

Après la disparition de Simon, cette scène est naturellement devenue "la scène Simon Carpentier" dans le cadre du festival. Tout s’est fait vite, comme toujours avec Simon. Il suffisait qu’un soir, la maire Nathalie Appéré soit là, et l’idée de rendre cet hommage est devenue une évidence.

La trace indélébile de Simon sur la musique rennaise

Après l’hommage à Philippe Pascal de Marquis de Sade en 2019, dont le parvis de la Salle de la Cité porte le nom, c’est au tour de Simon Carpentier d’entrer dans la légende rennaise. Ce jeudi, dans le cadre majestueux du jardin du Thabor qu’il avait électrisé en 2016 avec son groupe Her, la musique de Simon va résonner. Lui qui avec ses amis Manceau, Mermonte, The Wankin' Noodles, Success, Juveniles avait redonné à Rennes ses lettres de noblesse post Daho.

Pour cette soirée hommage, ses proches monteront sur scène. L’émotion sera à son comble avec Michaël Declerck aux claviers, Louis Kuipers (ex-Her) à la guitare, Samuel Chapelain (ex-Manceau) à la basse, et Mathieu Gramoli (ex-Her) à la batterie. Côté voix, Praa, Maëva Atouvasa, Romain Lallement (Lenparrot) et Yann Chéhu (James Eleganz) feront vibrer en plein air les paroles de Simon une dernière fois avant qu'elles ne retournent dans les playlists rennaises.

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