La préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui recevait des bénévoles du campement des Gayeulles et des élus de la Ville, ce vendredi, a proposé de chercher des places pour les demandeurs d'asile. Mais la majorité des personnes vivant sous des tentes dans le parc rennais n'ont pas ce statut.
Ce que redoutaient la Ville de Rennes et les bénévoles est advenu: le campement des Gayeulles est bord de l'explosion. Les quelques tentes plantées début juillet dans un parc de Rennes, hébergeant une cinquantaine de personnes il y a encore un mois, accueillent, ce vendredi 30 août 2019, environ 350 migrants.
Les bénévoles du campement des Gayeulles font face à un nouvel afflux de migrants, après l'évacuation d'un immeuble squatté ailleurs, au Sud de Rennes. Comme convenu avec la Ville, ce bâtiment a été vidé de tout occupant, ce vendredi 30 août.
Des habitant.e.s d'Estrémadure contraints de rejoindre les deux clairières du campement des Gayeulles, à #Rennes... Au moins 300 personnes sur place. pic.twitter.com/N7kEITZBhp
— Groupe Logement du 14 Octobre (@GL_1410) August 30, 2019
Préfecture et municipalité en désaccord sur les responsabilités de l'Etat
Face à une situation de plus en plus critique, avec environ 350 personnes installées sous des tentes de camping dans un parc au Nord de Rennes, la municipalité ainsi que les bénévoles qui accompagnent les migrants, n'ont cessé d'appeler l'Etat à ses obligations propres. La préfecture d'Ille-et-Vilaine a donc fini par organiser une réunion ce vendredi 30 août après-midi.
Elle a proposé de chercher des hébergements pour les migrants ayant le statut de demandeur d'asile, expliquant que "à l'exception des personnes vulnérables, les personnes qui ne sont pas "sous statut" (en cours d'examen d'une demande d'asile ou qui ont obtenu l'asile) n'ont pas vocation à être hébergées par l'Etat, selon "la loi pour une immigration maîtrisée" du 10 septembre 2018".
Ce à quoi la Ville de Rennes répond que "c'est la situation de détresse des personnes qui doit déterminer la prise en charge par l'État, et non leur situation administrative".
"Découragée et inquiète"
De son côté, Armelle Bounya, une bénévole de l'association Un toît c'est un droit, estime que la réunion ne règle rien. "On réfléchit à communiquer à la préfecture la liste de ceux ayant le statut de demandeurs d'asile, mais de toute façon ça ne réglera pas le problème du campement", estime-t-elle. "Car il va rester beaucoup de monde sans hébergement".
"Découragée et inquiète" à l'approche de l'automne, l'institutrice à la retraite, mère de cinq enfants, a entendu les chiffres de la préfecture lors de la réunion: le nombre de migrants a augmenté fortement cette année en Ille-et-Vilaine. "Mais ce n'est pas parce qu'il y a plus d'arrivées cette année qu'on va laisser les gens dehors", conclut-elle.
Les Albanais, Angolais, Géorgiens, Guinéens et Tchétchènes qui campent au Gayeulles depuis deux mois sont en effet rejoints par les anciens occupants de l'immeuble squatté dans le quartier du Blosne. Le bâtiment situé Allée d'Estrémadure a hébergé une centaine de migrants durant onze mois. Mais la Ville de Rennes doit le transformer, justement, en un centre d'hébergement d'urgence d'une centaine de places, ce qui implique quelques mois de travaux de mise aux normes.
Des hébergements provisoires de moins en moins provisoires
La municipalité a par ailleurs ouvert deux gymnases aux familles avec enfants, depuis la mi-juillet. Avec la rentrée des classes qui approche, l'un d'entre eux doit être libéré pour être restitué au collège voisin. Ses occupants doivent déménager vers un centre de loisir de la ville, inutilisé en dehors des périodes de vacances scolaires. L'autre gymnase reste quant à lui à la disposition des familles accueillies, en attendant que des solutions plus durables soient mises sur la table.