Témoignage. "J'ai eu la boule au ventre pendant la cérémonie d'ouverture", immersion dans le quotidien d'un photographe aux Jeux paralympiques

Publié le Écrit par Anthony Masteau
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Didier Echelard est installé au nord de Rennes. Il fait partie des quelques photographes qui ont été sélectionnés par le Comité paralympique et sportif français (CPSF) pour suivre la délégation tricolore sur ces Jeux paralympiques 2024. Une mission passionnante, parfois stressante, qu'il nous raconte de l'intérieur.

Un surfeur en lévitation, un cheval s'envolant au-dessus d'un obstacle de cross à Versailles, un BMX semblant rouler sur l'Obélisque de la Concorde... cet été, les Jeux Olympiques ont donné lieu à des clichés devenus iconiques, qui ont fait le tour du monde.

De quoi vous mettre une petite pression quand, vous-même, êtes missionné pour prendre le relais et aller photographier la délégation française sur les Jeux Paralympiques quelques jours plus tard.

Cette histoire, c'est celle de Didier Echelard. Installé à Montreuil-le-Gast au nord de Rennes, il fait partie des 12 photographes qui ont été sélectionnés pour mettre en valeur les parasportifs tricolores. Après Londres et Rio, il participe ainsi à ses 3èmes olympiades. 

Insomnies

"Bon, on n'est pas des athlètes, mais finalement on stresse aussi" explique-t-il. "J'ai pas dormi pendant deux semaines avant le début des épreuves, et j'ai eu une boule au ventre pendant toute la cérémonie d'ouverture, mais maintenant que ça a commencé, ça va !"

Didier a débuté sa mission olympique en prenant la direction de Châteauroux, pour photographier les épreuves de tir sportif.

"J'ai suivi les médailles d'argent et d'or du Rennais Tanguy de La Forest que je connais. Il est hyper engagé dans les instances handisports. Ce sont ses 6èmes Jeux. Jusque-là il était toujours resté au pied du podium. Et là, enfin, voici ses premières médailles. J'étais hyper content de vivre ça ! Et en plus une de mes photos a été publiée en Une de l'Equipe. Ce n'est pas ma plus belle, mais ça fait plaisir, et ça valorise une discipline qui n'avait jamais fait la première page du quotidien sportif". 

À lire aussi : Jeux paralympiques. Le Rennais Tanguy de La Forest, voyage au bout de la patience

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Didier a aimé l'ambiance de ce moment. "J'ai pu faire des photos de Tony Estanguet et Marie-Amélie Le Fur venus à Châteauroux pour saluer les athlètes. Il y avait beaucoup de convivialité et de sincérité. Et puis bien sûr, le frisson, les larmes aux yeux, au moment du podium."

Prendre de la distance

Pour autant, le photographe essaie de prendre de la distance avec ses émotions. "Si tu te laisses envahir, tu peux rater ta photo, elle peut être floue... C'est important de rester "focus" sur ton travail. Sinon, en plus, tu peux faire des bêtises". 

C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Didier, à Châteauroux. Pris dans l'ambiance du moment, il est passé devant une caméra. "Je me suis fait incendier par le "manager photo !" raconte-t-il, un sourire dans la voix. "Il ne faut pas sortir des zones d'où nous sommes autorisés à prendre des photos". 

Les "managers photo" sont les personnes qui orientent, aident, mais aussi surveillent les photographes sur les sites. Didier explique "il faut faire attention, ne pas courir, être sympa... sans quoi tu peux te faire retirer ton accréditation". 

Travailler vite

Chaque jour, Didier a une feuille de route. "Nous devons photographier tous les athlètes français. Il faut travailler le plus vite possible. Nos photos doivent alimenter entre autres les réseaux sociaux. Nous avons très peu de possibilités de retouche. Il faut bien travailler nos réglages, et ensuite rapidement trier, éditer et publier nos photos. J'essaie de composer des images très graphiques, car c'est ma formation, même s'il faut aussi être en mode "chasseur" et capter l'instant, comme dans un reportage."

Didier a parfois la pression. Dans l'équipe des 12 photographes avec qui il travaille, le niveau est assez élevé. Alors il y a quelques jours, au Club France, quand il a entendu deux de ses collègues qui complimentaient l'une de ses photos, il a été plutôt flatté :

"Oui, j'étais content car c'est une photo que j'aime bien. C'était pendant des entraînements au tir. J'avais un peu de temps et j'ai photographié ce tireur à contre-jour."

Chacun son rôle

Pendant cette quinzaine paralympique, Didier et l'équipe avec qui il travaille côtoient une autre catégorie de photographes : les photographes de presse qui travaillent pour des agences ou de grands journaux. 

"C'est une autre dimension" explique Didier, "ils ont un matériel incroyable et sont positionnés aux meilleurs endroits. Leur chasse est gardée, ils n'aiment pas qu'on s'approche trop près." 

Mais peu importe, chacun son rôle. Là aussi, les missions sont clairement définies. Sur les Jeux, pas de place à l'improvisation, surtout avec l'image, un élément de communication essentiel au cœur de cet événement planétaire.

Après le tir et le tennis de table, Didier va poursuivre son exploration des sports paralympiques. Il va maintenant saisir les moments forts des épreuves d'escrime fauteuil ou encore d'équitation, en poursuivant un objectif : capter le meilleur du handisport français.

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