Au creux de l'hiver, dans un monde qui ne tourne pas toujours rond, l'humour peut être une thérapie. C'est ce que pense Thomas Martin, l'organisateur du Festival Rire et Vilaine qui se tient en ce moment autour de Rennes. Avant une soirée de stand up à suivre en direct dès 20 heures sur notre site, il nous livre sa vision de l'humour aujourd'hui.
Ce lundi 22 janvier à 20 heures, nous diffuserons sur ce site et sur nos comptes Facebook et Youtube, la soirée des jeunes de talents de l'humour, qui aura lieu à la Mézière (35) dans le cadre du Festival Rire et Vilaine.
Avant cette soirée, nous vous proposons une rencontre avec celui qui en est à l'origine, Thomas Martin. Un artisan du rire, dans une période où ce dernier semble plus que jamais nécessaire !
Thomas Martin est Breton d'origine. Il a commencé l’humour quand il avait 17 ans. "J'aimais faire rire mes camarades " explique-t-il. Mais ce qui l’a toujours guidé, c’est une recherche de liberté totale. Il n'a jamais signé de contrat avec un producteur. À 21 ans, il a créé sa propre structure de production. Aujourd'hui, il s’y consacre à 100 %, et s'il lui arrive de se produire sur scène, "c'est pour mon propre plaisir " dit-il.
Décentraliser le rire
- Pourquoi le choix du stand-up itinérant en Ille-et-Vilaine ?
"L’idée est de décentraliser le rire. Les Bretilliens ont une offre magnifique avec les nombreuses salles de spectacles sur Rennes Métropole, mais là nous leur proposons autre chose : les artistes viennent aussi chez vous, dans votre « coin ». Cette année, Laura Calu va se produire à la salle des fêtes de Bain de Bretagne. Le concours Jeunes Talents, lui, se tiendra à la Mézière. Il y aura l’humoriste Jibé qui jouera dans une petite salle de 80 places, à l’Acoustik de Bédée, alors qu’il joue dans le monde entier. Je résume le festival à " 9 jours + 9 spectacles + 9 villes = 1 département".
Une thérapie très puissante
- Le rire serait-il un moyen de retrouver un peu le sourire dans ce climat de crise sociale que nous traversons ?
"Les humoristes et comédiens comiques jouent ce rôle dans la société : divertir, changer l’esprit du quotidien. Nous sommes les descendants des gladiateurs du cirque, les gens viennent voir des spectacles pour s’évader de leur vie durant 1 h 30, et repartir avec du baume au cœur, partager des moments de joie et de bonheur avec leurs proches".
Nous sommes les descendants des gladiateurs du cirque. Les gens viennent voir des spectacles pour s’évader du quotidien.
Thomas Martin
Les clichés ont la peau dure
- Y a-t-il un humour régional ?
"Non, il n’y a que des choses drôles ou pas. Nous sommes tous en France, on vit tous les mêmes choses dans les régions, avec une culture commune, et c’est sur cette culture que les artistes s’appuient pour faire rire. Il n’y a que les spécificités locales qui changent, et en général, les humoristes aiment bien s’appuyer aussi dessus pour faire rire. En Bretagne par exemple, la pluie, l’alcool, les galettes… Tous ces clichés ont la peau dure, il y a sans doute une raison !"
Nous sommes tous en France, on vit tous les mêmes choses dans les régions, avec une spécificité de culture régionale et c’est sur cette culture que les artistes s’appuient pour faire rire.
Thomas Martin
Se forger une identité régionale
- Le rire serait-il une forme culturelle par laquelle se forgeraient des identités régionales ?
"Les spectacles d’humour sont une forme culturelle et les identités se forgent via les cultures. On a déjà vu des humoristes être attachés à une région ou une ville : Mado la Niçoise, Dany Boon au nord, des humoristes de Marseille, par exemple."
Le stand-up en plein essor
- Comment voyez-vous l'évolution de ce style de mise en scène en Bretagne ?
"Le stand-up est en plein essor partout en France. Au-delà de vouloir faire carrière ou d’être le plus drôle possible, c’est un moyen d’expression pour de nombreuses personnes."
Les comedy-clubs poussent comme dans les champignons dans les bars. Rennes n’y a pas échappé, et certaines autres villes d’Ille-et-Vilaine non plus.
Thomas Martin
Le but premier : Être drôle !
- Le stand-up : La nouvelle quête du rire ?
"C’est une forme d’expression à but comique qui est très en vogue actuellement et sous le feu des projecteurs. Est-ce une quête, je n’en sais rien, c’est une forme à la mode en tout cas, et qui ouvre le champ des possibles. Mais cela ne doit pas faire oublier toutes les autres formes, le sketch, le visuel, etc. qui ont aussi leurs publics. Le but premier, quelle que soit la forme : Être drôle !"
L'improvisation n’est pas un talent donné à chacun, cela se travaille.
Thomas Martin
Honnêteté et sincérité
- Comment l'humoriste s'installe-t-il dans ce choix d'interactivité avec le public ?
"Une seule règle : L’honnêteté et la sincérité. Le rire est une émotion, donc pour faire rire, il faut avant tout que l’artiste nous touche d'une manière ou d’une autre."
Le rire est une émotion. Il faut avant tout que l’artiste nous touche d'une manière ou d’une autre.
Thomas Martin
Un art à part entière
- Faire rire, est-il devenu un art à part entière ou reste-t-il le propre de l’homme ?
"Rire est bien le propre de l’homme, mais faire rire une salle pleine de personnes qui ont fait la démarche de venir voir un spectacle en s’attendant à rire, retire déjà le côté surprise. Le jeune artiste doit prendre cela en compte. Il n’est plus dans son salon avec ses amis. Il doit assurer une prestation, avec des codes, des techniques et beaucoup de travail en amont. Cela devient un art, à la limite d’une science. Une fois que l’artiste a suffisamment travaillé, cela redevient naturellement le propre de l’homme !"
Le jeune artiste sur scène doit assurer une prestation avec des codes, des techniques, et beaucoup de travail en amont.
Thomas Martin
Le festival d'humour Rire et Vilaine, durera jusqu'au 28 janvier. Retrouvez en direct, ce lundi 22 janvier à 20 heures, le Concours des Jeunes Talents sur notre site (bretagne.france3.fr) et sur nos réseaux sociaux, et tout le programme du festival sur Festival Rire & Vilaine