"Une action inédite au civil", une communauté religieuse poursuivie par deux femmes violées par un prêtre

Deux femmes violées par un prêtre au Mans et à Rennes poursuivent au civil la communauté de l'Emmanuel, association religieuse à laquelle appartenait leur agresseur. L'homme a été exclu par l'Eglise mais les victimes se battent désormais pour que l'Institution ne se cache plus derrière le prêtre et assume ses responsabilités.

Le prêtre Benoît Moulay a officié dans le diocèse de Rennes entre 2017 et 2019, avant d'être exclu par l'Eglise. Deux femmes violées par ce prêtre au Mans et à Rennes poursuivent au civil la communauté de l'Emmanuel, une association religieuse à laquelle appartenait leur agresseur.

L'avocat des victimes, maître Aymeric de Bézenac, tient à souligner que "c'est une procédure rare qui vient d'être lancée devant le tribunal de Nanterre, car le choix de la voie civile est fait pour que désormais l'Institution qui a laissé faire assume ses responsabilités et ne se cache plus derrière le prêtre agresseur", explique-t-il. 

Selon les informations relatées par France Bleu, les faits se sont produits de 2010 à 2019, date à laquelle l’abbé Benoît Moulay a été suspendu, avant l'ouverture d'une enquête canonique, qui a abouti à son renvoi de l'état clérical, c'est-à-dire de sa fonction de prêtre.

Avant cette procédure interne à l'Église, les plaintes déposées par les deux femmes en 2019 ont été classées sans suite par le parquet, faute de contrainte caractérisée, et alors que le prêtre reconnaissait des actes sexuels. 

C'est une procédure rare qui vient d'être lancée devant le tribunal de Nanterre, car le choix de la voie civile est fait pour que désormais l'Institution qui a laissé faire assume ses responsabilités et ne se cache plus derrière le prêtre agresseur.

Maître Aymeric de Bézenac

avocat des deux femmes victimes

Cette nouvelle procédure au civil s'appuie sur des éléments issus de l'enquête canonique, à laquelle les deux victimes ont eu accès une fois la sanction prononcée. "Mes clientes ont pu voir des pièces du dossier après le procès et elles sont tombées de haut. Toutes deux se sont aperçues de la duplicité de la communauté de l'Emmanuel qui avait poussé l'ordination de ce prêtre. Elles sont déterminées à se battre et le dossier est solide. Nous avons de nombreux témoignages de personnes qui racontent avoir émis des signalements. Or, la communauté n'a jamais rien fait pour faire cesser ces agressions", poursuit l'avocat des deux victimes. 

"On écrit l'histoire de l'Eglise de France"

Les assignations visent donc à obtenir que la Justice reconnaisse que la communauté de l'Emmanuel a une responsabilité dans ce qui s'est passé. Puisque c'est une procédure civile, l'enjeu n'est pas des peines de prison mais la reconnaissance de dommages, à la fois physiques et moraux, et leur indemnisation.

L'avocat des deux femmes va même plus loin : "Avec cette affaire, on écrit l'histoire de l'Eglise de France. Car cette action inédite au civil pourrait faire jurisprudence, avec de nombreuses conséquences sur l'Institution", conclut maître Aymeric de Bézenac. 

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