Alors que les skippers sont à moins de 24 heures du grand départ de cette 10ᵉ édition du Vendée Globe, ils continuent pour la plupart à répondre aux sollicitations des médias, de leurs partenaires et du public. Des demandes d'interviews ou encore d'autographes dans un planning millimétré. Benjamin Dutreux, le skipper des Sables d'Olonne nous explique que cela fait partie de la règle du jeu.
Il est 15h30 ce samedi 9 novembre lorsque nous rencontrons Benjamin Dutreux sur les pontons du Vendée Globe aux Sables d'Olonne. Rendez-vous a été donné à son bateau. On nous a attribué un créneau de 15 minutes et pas une de plus, car le skipper enchaine les interviews, les sollicitations de l'organisation et de tous ceux qui veulent se prendre en selfie avec lui ou obtenir un autographe. Le lot quotidien de tous les skippers du Vendée Globe. Des interviews à un rythme effréné, une course à la médiatisation avant la course sportive où le marin sera là, seul avec son voilier en mer.
Le navigateur vendéen, âgé de 34 ans, va s'élancer ce dimanche pour son deuxième Vendée Globe sur un IMOCA à foils. En 2020-2021, il avait terminé à la 9ᵉ place sur un monocoque à dérives.
Il a accepté de nous parler de ces derniers jours très chargés.
France 3 Bretagne. Alors Benjamin, ces derniers jours, ont-ils été intenses, et n'est pas un peu trop alors que vous devez vous concentrer sur la course ?
Benjamin Dutreux. Non, car ça fait partie du jeu aussi. Nous, il faut que l'on soit satisfait en tant que marin, en tant que sportif, mais il faut aussi que nos partenaires soient satisfaits. Et c'est vrai qu'on essaie de cocher toutes les cases pour qu'ils le soient avant de partir, parce qu'après, la course, c'est la course, c'est le sportif qui rentre en jeu, et on ne sait jamais ce qui pourrait se passer.
Donc voilà, c'est normal de mouiller un peu la chemise aussi au début. C'est sûr que c'est assez intense. Mais voilà, il faut trouver aussi le bon équilibre pour en même temps réussir à se reposer, réussir à préparer sa météo, pour partir sereinement sur la course. On a la chance d'avoir quand même bien anticipé notre préparation, et ainsi, je n'ai pas de trucs de dernière minute à gérer.
Donc globalement, c'était intense, ça fatigue, et c'est presque plus fatigant qu'une journée sur l'eau, mais ça s'est bien passé.
France 3 Bretagne. Nous, les médias, on vous sollicite beaucoup, mais il n'y a pas que les médias qui demandent de votre temps ?
Benjamin Dutreux. Oui, c'est un tout. Dans un premier temps, on répond à nos partenaires, parce qu'ils invitent des clients, des invités, des collaborateurs, donc c'est important qu'on soit présent aussi pour eux. Bien sûr, j'ai une équipe avec moi qui m'aide à les emmener sur les pontons, leur faire découvrir notre univers, parce qu'on a quand même des gens de partout en France, voire du Monde, qui viennent sur le Vendée Globe. Le nombre de personnes chaque jour, c'était complètement dingue.
Ensuite, bien sûr, on est là présents aussi pour les médias qui accompagnent et qui font vivre cette course au plus grand nombre, à ceux qui n'ont pas pu venir jusqu'ici, donc c'est quelque chose d'important. Et puis, il y a le public qui est aussi sur place.
France 3 Bretagne. Mais lorsqu'on signe avec un partenaire ou lorsqu'on signe pour participer au Vendée Globe, est-ce que l'on sait que de toute façon, ça fait partie de la règle du jeu, et que l'on n'a pas le choix ?
Benjamin Dutreux. On a toujours le choix. Je pense que c'est aussi important de partager pour nos partenaires, mais aussi pour notre sport qui est en cours de médiatisation. Il y a beaucoup de gens qui suivent le Vendée Globe, et c'est quand même un immense plaisir pour nous les marins de pouvoir partager notre aventure autour du monde à un maximum de personnes. Donc, c'est à nous aussi d'être présents pour ça.
Si on est tous cachés pendant trois semaines, ça n'a pas forcément trop de sens. Donc moi, en tout cas, je suis content et fier de partager avec mes partenaires, même si en plus, ils sont hyper respectueux. Moi, ils ne me demandent aucune obligation. Ils veulent aussi que je reste un sportif et que je reste prêt pour le jour du départ. Donc voilà, ils m'ont laissé le choix, en tout cas, du temps que je voulais laisser avec eux. Et voilà, c'est quelque chose qui fait partie du jeu.
France 3 Bretagne. Vous qui avez déjà connu une fois le Vendée Globe, est-ce qu'on peut savoir s'il y a un vrai choc entre ces jours intenses au milieu de la foule et le jour où vous vous retrouvez seul en mer ?
Benjamin Dutreux. La dernière fois, le choc a été particulier parce qu'on a commencé par fermer le village à cause du Covid. Ensuite, on est resté enfermé chez nous pendant une semaine. C'est sûr que du point de vue préparation sportive, c'était idéal. On ne pensait qu'à ça, on faisait de la météo tous les jours. On dormait, on faisait du sport. Et donc forcément, sportivement, on était plus que prêts. Par contre, on n'a pas pu partager toute cette aventure autour du village, avec du public et les partenaires.
Donc là, c'est sûr que ça risque de faire un grand choc. Je ne l'ai donc pas vécu la dernière fois. Ça fait déjà un choc avec ses proches. On les quitte. Je me rappelle quand on commence à s'éloigner et qu'on fait le dernier coucou, c'est vrai que ça fait un peu bizarre. On a du mal à s'imaginer qu'on va faire le tour du Monde. Mais j'ai hâte de découvrir en tout cas le chenal avec ce vrai stadium, avec du monde autour. Ça risque d'être un moment fort en émotion.
France 3 Bretagne. Rassurez-nous. Vous avez quand même conservé un petit moment ce soir pour les proches ou pour l'équipage ?
Benjamin Dutreux. On a déjà fait une soirée avec l'équipage bien sûr. Une soirée avec les proches, une soirée avec les sponsors.
Et là, ce soir, je le dédie uniquement à ma chérie et à mon toutou, voilà.