VIDÉO. "Au fond de toi, tu n’avais pas forcément envie". Faire ou non un enfant, un choix parfois difficile

durée de la vidéo : 00h02mn27s
Extrait du documentaire "la moitié du monde" de Nathalie Marcault ©FTV

Elle n'est pas mère et, à 50 ans, elle ne peut plus l'être. L'ironie, c'est qu'elle ne l'a pas vraiment décidé. Car elle n'a jamais réussi à choisir d'avoir, ou non, un enfant. Nathalie Marcault raconte son histoire dans le documentaire qu'elle a réalisé " La moitié du Monde "

Un jour, Nathalie Marcault tombe sur cette phrase de Marguerite Duras qui la saisit : "Je crois qu'il faut avoir des enfants. Ce n'est pas possible de ne pas avoir d'enfants, c'est comme si on ignorait la moitié du monde, au moins".

Elle cherche alors à comprendre le sens de ce demi-monde que l'on ignorerait, sans avoir eu d'enfant. Car Nathalie Marcault n'est pas mère et, ayant passé cinquante ans, elle ne peut plus l'être.

"Quelle moitié du monde, ai-je manquée ? " se demande-t-elle alors.

50 ans et pas d'enfants : un échec ?

C'est vers sa mère et des amies proches, qu'elle se tourne, pour essayer de comprendre le sens de cette phrase. C'est comme un besoin vital de trouver une explication. 

Ce qui questionne Nathalie, c'est "la cause". Ce que lui renvoie sa mère, c'est "pourquoi" ?

Il faut revenir à la petite enfance pour dénouer les pistes. Et entre Nathalie et sa mère Elise, il y a deux mondes : celui de l'enfance que l'on préserve et celui de la parentalité qui s'impose.

Lorsqu'elle était enfant, Nathalie se souvient d’avoir compris la tristesse de sa mère. Enfermée dans son rôle, elle était devenue très autoritaire. Elle se souvient aussi très bien, qu'à son adolescence, elle n'acceptait pas son corps en transformation et le refusait. Elle se voyait adoptée, enfant pour toujours, dans l'attente de sa mère fantasmée. 

Une fatalité ?

Pour sa mère, la maternité n'est pas une cause, car la question ne se posait pas, à l'époque. "C'était naturel d'avoir des enfants, un objectif dès que le couple se formait… Comme les oiseaux", dit-elle, "vivre en couple, avoir des enfants, c'est un instinct animal peut-être ? Une reproduction naturelle ? C'était juste plus simple  ".

Nous n'avions pas tant de question à nous poser. Pas de contraception à prendre. C'est la nature qui commandait.

La maman, Elise Marcault

"Avoir ou ne pas avoir d'enfant, une fatalité alors ? s'interroge Nathalie. 

Mais une fois la différence de génération discernée, Nathalie doit se résoudre à se questionner davantage.  

Un choix difficile à prendre  

Lorsqu'elle était jeune femme, Nathalie ne partageait pas son intimité avec sa famille. Son mariage avec Patrick, en catimini, en jeans et baskets, sans famille, puis deux avortements et une fausse couche, deviennent les évènements marqueurs de la vie de la jeune femme. 

Je n'ai jamais réussi à choisir d'avoir ou non un enfant.

Nathalie Marcault

Nathalie s'est alors adressée à un psychologue pour exposer ses doutes. "Faire un enfant, c'est pour qu'il soit heureux, et ça, on n'en est pas sûr !". Pour lui : " le problème, ce n'est pas de savoir ce que vous voulez choisir, mais c'est le problème de ne rien vous cacher, de ne rien refouler ". Il l'invite à laisser passer un temps de réflexion et lui conseille de ne laisser personne prendre une décision à sa place. 

Mais le temps, passe

Elle confie que la relation avec l'homme qu'elle aimait alors, était "comme un pacte tacite. Il n'y avait pas de rapport entre l'amour et le désir d'enfant ".

Au fond de toi, tu n’avais pas forcément envie. On peut le fantasmer mais de là à le vouloir vraiment !

Patrick, l'ex-mari de Nathalie

"Ce serait donc ça ? " se demande-t-elle. "Je ne le voulais pas réellement, ou c’est parce que je n’ai jamais vu le rapport avec l’amour pour un homme et le désir d’enfant ? ". 

Une moitié de femme

Mais, toujours en quête de comprendre ce qui ferait d'elle, "une moitié de femme", elle pose enfin sa caméra chez ses amies, qui ont choisi, elles, de devenir mère. Elle les questionne à leur tour. 

Et l'une d'elles explique : " Depuis la naissance de mon fils, il y a un changement dans la relation avec sa mère. Je vois ma mère, en moi. Et c’est le côté que j’aime de ma mère qui ressort, on est sorti du conflit"

Depuis leurs ventres ronds jusqu'à la naissance des nourrissons, la mue s'est opérée doucement de la femme vers la "maman". Une mue qui serait désirée et acceptée. 

Pourtant, sensible à leur expérience, la phrase de Marguerite Duras taraude toujours Nathalie. "Que loupe-t-on ? Quelle est cette partie du monde que l'on ne saurait saisir et comprendre ? Mon indécision en serait donc la cause ?

Mon ambivalence m'aurait-elle fait manquer la moitié du monde  ? Est-ce que je suis une moitié de femme pour autant ?

Nathalie Marcault

  

Pour la réalisatrice Nathalie Marcault, la phrase de Marguerite Duras, interroge sur cette moitié du monde qu'elle n'aurait pas la chance de connaître. Y aurait-il, d'un côté, l'origine du monde, l'innocence de la petite enfance, peut-être, et de l'autre côté, l'engagement, l'autorité, la responsabilité ?  

Elle questionne aussi, sur la faculté qu'aurait la naissance d'un enfant, de réunification de ces deux mondes. 

"La moitié du Monde", un documentaire de Natahlie Marcault à voir sur France 3 Bretagne, jeudi 7 décembre 2023, à 22 h 50 sur France 3 Bretagne et dès à présent sur france.tv.  

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