Yann Gaudin, l'agent trop zélé de Pôle emploi, licencié : "Mon parcours de lanceur d'alerte n'est pas terminé"

Ce mardi 7 juillet, Yann Gaudin, le lanceur d'alerte de Pôle emploi Rennes annonce qu'il vient de recevoir un courrier de licenciement. Pas surpris de cette décision, il prévoit de poursuivre en justice son ancien employeur et assure qu'il continuera à aider les usagers en difficulté. 

C'est par une lettre de quatre pages, reçue ce mardi à son domicile à Rennes, que Yann Gaudin a appris qu'il était licencié de Pôle emploi. Son licenciement pour faute grave est effectif depuis vendredi 3 juillet.
 

 

"Le prix à payer"


Pas vraiment surpris, le conseiller confie : "Je savais qu'un jour ou l'autre, je devrais passer par un licenciement. Le prix à payer de mon engagement et de ma conscience professionnelle. Un moyen aussi pour la direction de m'empêcher de continuer à accéder aux documents internes. Je n'ai aucun regret même si je trouve que la rigueur dans le travail devrait être récompensée et non sanctionnée".
 

Entretien disciplinaire


Embauché à Pôle emploi il y a six ans, Yann Gaudin dénonce depuis des dysfonctionnements dans le versement de certaines allocations, repère des anomalies et des incohérences dans plusieurs dossiers particulièrement ceux des intermittents du spectacle. 

Très vite, il s'attire les foudres de sa hiérarchie. Le 23 juin dernier, sa direction le met à pied pendant cinq jours et le convoque pour un entretien disciplinaire.
 
"A ce moment là, le licenciement n'a pas été évoqué mais je me doutais que la décision était déjà prise", remarque aujourd'hui Yann Gaudin.

 

"Un message inquiétant"


L'ancien conseiller explique que la direction de Pôle emploi lui reprocherait pêle-mêle de dépasser les limites de son champ d'action, d'avoir désobéi aux consignes, d'avoir envoyé aux intermittents du spectacle des informations leur permettant de bénéficier d'aides supplémentaires, de perturber l'agence dans laquelle il travaillait. "Ce n'est évidemment pas moi le problème !"

"C'est un message très inquiétant que celui envoyé par la direction régionale de Pôle emploi, s'inquiète encore l'homme. Inquiétant pour les usagers et aussi pour mes collègues qui font leur travail consciencieusement. C'est comme si elle leur disait +attention, ne faites pas trop de vagues, ne cherchez pas trop, regardez ce que vous risquez+".
  
 

La phase judiciaire


Pour Yann Gaudin, "on passe maintenant à une autre phase... la phase judiciaire." Le lanceur d'alerte envisage de demander sa réintégration en référé "mais compte tenu de la lourdeur du dossier, ce n'est pas gagné". "De toute façon, mon licenciement est très facilement attaquable devant le tribunal de prud'hommes, estime-t-il. Et il n'est évidemment pas question que j'en reste là."
 

Pôle Emploi n'appartient pas à ses cadres.

Yann Gaudin


"En attendant, mon parcours de lanceur d'alerte n'est pas terminé. Il y a des usages qui perdurent. Pôle emploi n'appartient pas à ses cadres mais à l'ensemble du public. (...) Désormais, je dispose de plus de temps et je vais pouvoir continuer à soutenir les nombreuses personnes qui me sollicitent même si ce sera plus compliqué à distance", reconnait encore Yann Gaudin.

Passionné par son métier, le Rennais précise avoir d'autres projets à la fois professionnels "très en lien avec mon ancien emploi" et politiques avec un engagement pour l'écologie. 

 

Je n’accepte pas que [Mr Gaudin] laisse dire qu’il est licencié pour avoir aidé des demandeurs d’emploi.

Frédéric Sévignon, directeur de Pôle emploi Bretagne


Contactée, la direction régionale de Pôle emploi motive sa décision par la voix de son directeur, Frédéric Sévignon.

"Contrairement à ce que Monsieur Gaudin laisse entendre, il n’est donc pas le seul à Pôle emploi à œuvrer dans l’intérêt des demandeurs d’emploi et je n’accepte pas qu’il jette le discrédit sur toute une profession et qu’il laisse dire qu’il est licencié pour avoir aidé des demandeurs d’emploi.
 
Le contentieux entre Monsieur Gaudin et Pôle emploi date de plusieurs années et ne concerne pas le statut de lanceur d’alerte dont il se prévaut depuis fin 2019.
 
Depuis 2015, il a été sanctionné à plusieurs reprises pour des comportements inacceptables envers ses collègues de travail et sa hiérarchie.
 
En mai 2019, il a fait l’objet, toujours en raison de son comportement, d’une mise à pied de 5 jours, sanction la plus forte à Pôle emploi avant le licenciement. Jamais il n’a contesté le bienfondé de cette sanction.
 
Aucune conciliation n’a permis de remettre Monsieur Gaudin dans l’exercice normal de son métier et dans le respect des règles en vigueur au sein de notre établissement. Je rappelle de plus qu’il est conseiller en charge de l’accompagnement des demandeurs d’emploi et qu’il n’est ni formé, ni compétent pour répondre aux questions portant sur les droits à indemnisation des intermittents du spectacle qui sont soumis à une réglementation qui leur est propre.
 
Malgré plusieurs rappels à l’ordre, sa persévérance à déroger aux règles en vigueur au sein de notre établissement nous contraint aujourd’hui à procéder à son licenciement."

 
L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Bretagne
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité