Le second cargo à voile de l'entreprise bretonne Grain de Sail a quitté le port de Saint-Malo, ce vendredi 15 mars, direction l’Amérique. Un symbole pour la décarbonation du transport maritime.
Il était 12h28, ce vendredi 15 mars, quand le nouveau navire de Grain de Sail a franchi l’écluse du port de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine).
Il s’agit d’un cargo à voile long de 52 mètres et capable d’emporter 350 tonnes de marchandises. Il avait été baptisé le 11 janvier dernier à Saint-Malo.
Ce jeudi 14 mars, les dockers ont chargé les palettes dans les cales du navire. "On amène aux États-Unis le savoir-faire français, rapporte Jacques Barreau, le directeur général de Grain de Sail. C’est de l’industrie pharmaceutique, des vins, du champagne, des parfums de certaines grandes maisons françaises… Et au retour, on va ramener des produits qui sont fabriqués aux États-Unis, mais également du café et du cacao lorsqu’on fait le crochet par la Guadeloupe".
On va mettre une quinzaine de jours pour rejoindre New-York. Mais comme on charge et qu’on décharge rapidement, on va être en fait plus rapide que les cargos traditionnels.
Jacques Barreau, directeur général de Grain de sail.
Cinq rotations par an entre la France et l'Amérique
Ce voilier cargo a nécessité un investissement de dix millions d’euros. En année pleine, il est prévu que le navire effectue cinq rotations.
Parmi l’équipage, on retrouve Gilles Lamiré, skipper bien connu, qui a quelques routes du rhum à son actif. "J’aime cet esprit pionnier, s’enthousiasme-t-il. Et là, j'ai vraiment l’impression qu’on est des pionniers du transport maritime à la voile. C’est le premier grand cargo à voile. Je suis persuadé que c’est l’avenir. On va être obligé de s’adapter, avec ce qu’on a. Or, on a la mer, on a le vent, cette énergie gratuite et écologique (…) Pour moi le transport à la voile, c'est une évidence".
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Autonomie énergétique
Sur le navire, il n’y a pas que l’aspect « propulsion vélique », il y a aussi l’aspect zéro émission. Le Grain de Sail II est bien équipé d’un moteur thermique, mais sa consommation durant ces deux mois de mer n’excède pas un mètre cube de fuel.
"Là, par exemple, on est branché sur le quai, on a rechargé nos batteries, confiait Yann Jourdan, le capitaine du navire, avant le départ ce vendredi matin. Dès qu’on met sous voile, nos hydrogénérateurs commencent à débiter et produisent l’énergie nécessaire à bord. Par rapport aux voiles, c’est moins visible, mais plus technique et très novateur".
Les batteries stockent et restituent l’électricité (100 kWh).
À terme, les frères Jacques et Olivier Barreau (Olivier est l'actionnaire fondateur) envisagent de faire construire trois nouveaux navires, des « sisterships » identiques au dernier, afin de permettre des rotations tous les quinze jours sur la ligne transatlantique.