Les pêcheurs français, qui attendent toujours l'octroi de licences, ont annoncé bloquer à partir de ce vendredi matin, trois ports de pêche : Saint-Malo, Ouistreham et Calais, ainsi que le tunnel sous la Manche. Un nouvel épisode dans la crise de la pêche post-Brexit.
Le ton monte du côté des pêcheurs des ports de la Manche. Le comité national des pêches français a annoncé le blocage vendredi des accès à trois ports de la Manche, ainsi que l'accès au tunnel sous la Manche pour les marchandises. Une journée d'action présentée comme "un coup de semonce" pour exiger l'octroi rapide par le Royaume-Uni de licences de pêche post-Brexit.
Blocage des ferries et des camions de marchandises
Les pêcheurs bloqueront en mer l'arrivée des ferries dans trois ports de la Manche : Saint-Malo, Ouistreham et Calais. Sur terre, ils bloqueront également l'accès des camions de marchandises au terminal fret du tunnel sous la Manche pendant "quelques heures", a déclaré Gérard Romiti, le président du comité national des pêches lors d'une conférence de presse.
Le port de Saint-Malo sera bloqué, annoncent les pêcheurs, de 8h à 9h. L'idée étant d'exprimer leur mécontentement et leur lassitude par une action symbolique, plutôt que de gêner l'activité portuaire.
Nous ne voulons pas l'aumône, nous voulons seulement récupérer nos licences
Gérard Romiti, président du Comité national des pêches
"Le Royaume-Uni doit respecter l'accord post-Brexit. Trop de pêcheurs sont encore
sur le carreau. Cela fait onze mois qu'on attend la bouche ouverte. La patience des professionnels a des limites. Nous espérons que ce coup de semonce sera entendu", a encore ajouté Gérard Romiti, n'excluant à l'avenir "aucune action".
Un ultimatum européen pour régler le contentieux avant le 10 décembre
Ce mouvement est une réponse à l'attitude "provocatrice" et "humiliante" des Britanniques. "Cette question des licences est l'arbre qui cache la forêt : de sa résolution dépendront les relations avec le Royaume-Uni sur le long terme", a-t-il prévenu. Tout en questionnant la robustesse de l'engagement européen au côté des pêcheurs de l'UE, il a salué "l'ultimatum" lancé mercredi par la Commission européenne, qui a demandé à Londres de régler ce contentieux d'ici au 10 décembre.
Le gouvernement britannique "déçu" de cette action des pêcheurs français
"Nous sommes déçus des menaces de protestations. Il appartiendra aux Français de s'assurer que des actes illégaux ne sont pas commis et que les échanges commerciaux ne sont pas affectés", a réagi un porte-parole de Downing Street, à l'annonce des pêcheurs français de bloquer vendredi l'accès à trois ports de la Manche et au tunnel sous la Manche pour les marchandises.
Une crise autour de l'obtention des licences de pêche
Cette crise, qui dure depuis des mois, s’est cristallisée autour des licences de pêche et en particulier dans les eaux de Jersey. Depuis le Brexit, dont l'accord a été signé fin 2020, ces fameux sésames, accordés par les autorités anglaises, permettent aux pêcheurs français de pouvoir pêcher dans les eaux territoriales britanniques. Des licences accordées aux pêcheurs européens à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.
De nombreuses licences toujours en attente
Au total, depuis le 1er janvier 2021, la France a obtenu "plus de 960 licences" de pêches dans les eaux britanniques et des îles anglo-normandes, mais Paris réclame encore plus de 150 autorisations, selon le ministère français de la Mer. Selon le Comité des pêches, 237 licences sont toujours en attente, dont une centaine pour Jersey. Pour ce qui concerne les eaux de Guernesey, 64 licences provisoires ont été accordées, mais elles sont renouvelées systématiquement.
"Une position avant Noël", avait promis le Président de la République
Il y a une semaine, Emmanuel Macron assurait "Nous allons continuer à nous battre, nous ne lâcherons pas nos pêcheurs", annonçant que la France prendra une position "avant Noël" sur le différend avec le Royaume-Uni concernant les licences de pêche. Une déclaration prononcée au lendemain de celle de la ministre de la Mer Annick Girardin. Elle évoquait alors un plan d'indemnisation pour les pêcheurs qui perdraient leurs licences pour les eaux britanniques. Cette annonce avait provoqué la colère des professionnels.