Face à la baisse des financements prévue par le budget 2025 : "La mission devient impossible" pour les élus

Confrontées à une réduction drastique des financements, les collectivités locales montent au créneau. À Saint-Malo, le maire redoute de devoir reporter des projets vitaux pour la ville. Même indignation du côté du président du département d'Ille-et-Vilaine, qui s'insurge contre ces coupes budgétaires.

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À son bureau, au cœur des remparts de la cité corsaire, Gilles Lurton, maire de Saint-Malo, est confronté à une situation qu'il qualifie de "mission impossible". Face à lui, des documents qui ne laissent guère de place à l’optimisme : les premiers arbitrages budgétaires de la ville. Et il sait déjà qu'il devra en faire plusieurs autres. "Il y en aura au moins quatre ou cinq", déclare-t-il, visiblement préoccupé.

Des arbitrages difficiles dans le bureau du maire

Chaque année, l'exercice budgétaire est un casse-tête pour les élus. Mais cette fois, la tâche s'annonce encore plus complexe. L’État a en effet annoncé une coupe de 5 milliards d’euros pour les collectivités locales. Une situation qui laisse les maires, comme celui de Saint-Malo, dans une impasse.

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"Des visages me passent devant les yeux"

Pour illustrer la gravité de la situation, Gilles Lurton évoque un projet qu'il doit repousser : celui d’un stade de rugby à Saint-Malo. "Le club de rugby de Saint-Malo me demande une tribune et un stade digne de ce nom. Mais quand je renonce à l’inscrire dans le budget d’investissement, je pense à des personnes. Des visages me passent devant les yeux. Ce n’est pas anodin", confie-t-il. Derrière chaque choix budgétaire se cachent des attentes, des besoins non satisfaits.

Le maire est contraint de reporter des projets structurants. Une situation qui touche les habitants de la ville, où chaque décision devient un crève-cœur pour les élus locaux.

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Une ville au bord de l’asphyxie financière

La coupe annoncée par l’État pourrait priver Saint-Malo de 1,7 million d’euros. Un véritable coup de massue pour cette ville de 45 000 habitants. Les dépenses incompressibles, comme les salaires des agents municipaux ou l'entretien des infrastructures, deviennent des casse-têtes financiers. "Il y a le toit de la mairie à réparer, les routes à entretenir. Si on commence à nous retirer des crédits, on devra soit faire moins, soit, si c’est possible, augmenter l’endettement de la ville. Et ça, ça risque d’être très difficile", prévient Gilles Lurton.

L’élu souligne l'importance des investissements réguliers pour éviter des coûts futurs encore plus élevés. "Si nous n’entretenons pas la voirie chaque année, elle va se dégrader. Et là, les coûts d’investissement seront encore plus importants", ajoute-t-il. Un cercle vicieux dont les petites et moyennes villes peinent à s’extraire.

Le département d’Ille-et-Vilaine également impacté

Le département d’Ille-et-Vilaine n’est pas épargné non plus. Jean-Luc Chenut, président du conseil départemental, dénonce une situation intenable. "Nous allons perdre 39 millions d’euros", explique-t-il. Or, le département doit faire face à des dépenses imposées par l’État, comme la prise en charge des mineurs placés ou le versement du RSA. Des obligations qui pèsent sur les finances locales.

Jean-Luc Chenut s’insurge contre une réforme qu'il juge profondément injuste. "L'idée de dire ‘on va taxer les plus grandes collectivités’ est démagogique. La taille du budget d'une collectivité n'a rien à voir avec ses missions ou sa situation financière. Cela permet de dire qu'on épargne les petites communes, mais elles souffriront tout autant si nous ne sommes plus en mesure de les aider", avertit-il.

Les élus locaux en appellent aux députés et sénateurs

Face à cette crise budgétaire, les élus locaux, de Gilles Lurton à Jean-Luc Chenut, sonnent l’alarme et interpellent les parlementaires. Ils demandent aux députés et aux sénateurs de rejeter la loi de finances 2025 qui prévoit ces coupes drastiques. Leur crainte est de plus pouvoir assumer leurs missions de service public si cette loi passe..

Les collectivités locales se sentent abandonnées, contraintes de choisir entre maintenir les services essentiels ou repousser des projets pourtant cruciaux pour le développement de leurs territoires.

Avec Séverine Breton

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