Elu maire de Saint-Malo dimanche dernier, Gilles Lurton démissionnera de son poste de député à la fin du mois de juillet. Son suppléant, Jean-Luc Bourgeaux, maire de Cherrueix, petite commune d’Ille-et-Vilaine, se demande encore s’il acceptera cette succession. Il se dit "très embêté".
Il y a un seul cas en Bretagne de député élu maire dimanche dernier. Et c’est à Saint-Malo. Pour l’heureux élu LR (Les Républicains), Gilles Lurton, tout va bien. Les choix sont clairs. Il démissionnera le 28 juillet, date du début des vacances parlementaires, de son poste de député.
C’est pour son suppléant à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Bourgeaux, que les choses se corsent. Lui aussi a été élu maire aux dernières municipales. Pour la quatrième fois, les habitants de Cherrueix, commune de 1100 habitants, lui ont accordé leur confiance.
Conseiller départemental d’Ille-et-Vilaine, maire de sa commune, 2è vice-président de la communauté de commune du pays de Dol et du Mont Saint-Michel, l’homme était déjà comblé.
Je suis très embêté, j’aime ce que je fais. Mais député, c’est quelque chose pour un élu.
Le pour et le contre dans un tableau
Mais voilà, depuis 2017, il est interdit de cumuler des fonctions exécutives locales avec un mandat de parlementaire. Jean-Luc Bourgeaux devra donc trancher avant fin août s’il opte pour le mandat local ou le mandat national.
En homme de la terre, ce céréalier reste pragmatique : "Je réunis le pour et le contre dans un tableau. Après je trancherai avec mon épouse, ma famille et Gilles (NDLR : Lurton)."
De nombreuses questions
Depuis dimanche et l’annonce de la victoire de Gilles Lurton à la mairie de Saint-Malo, Jean-Luc Bourgeaux se renseigne sur les conséquences s'il devient député. "Avant, je n’avais pas ça dans la tête. Combien de jours par semaine, je devrais être à Paris ? par exemple."
S’il choisit la députation, son mandat sera remis en jeu dans moins de 2 ans aux prochaines législatives du printemps 2022. "Ma réélection n’est pas acquise en 2022 car je ne suis pas connu sur la partie ouest de ma circonscription (NDLR : la 7è circonscription d’Ille-et-Vilaine), analyse-t-il. Personne ne me connaît du côté de Dinard entre autres."
Magouilles de grandes villes
Pour gagner sur tous les tableaux, il pourrait cependant user de tactiques politiciennes, qui ont déjà fait leurs preuves : accepter la fonction de député tout en restant simple conseiller municipal à Cherrueix. Puis placer un "ami" au poste de maire, qui démissionnerait si son mandat de député n’était pas reconduit en 2022. Jean-Luc Bourgeaux retrouverait alors son fauteuil de premier édile à Cherrueix. "Dans les petites communes, on n’est pas comme ça", rétorque-t-il à l’évocation de cette solution.
Ce sont des magouilles de grandes villes. Les gens n’aiment pas ça.
LR n'a pas envie de perdre un siège de député
Jean-Luc Bourgeaux n’est pas adhérent de LR mais il en est proche et siègerait au sein de ce groupe s’il devenait député. Le parti ne voit donc pas d’un très bon œil son renoncement. Il serait synonyme de législatives partielles avec le risque de perdre un siège à l’Assemblée nationale.
"Christian Jacob, le président des Républicains, m’a appelé, sourit-il. Mais bon, c’est normal. Gilles (NDLR : Lurton) m’avait prévenu." Quant à Isabelle Le Callennec, présidente de la fédération LR d'Ille-et-Vilaine, elle aussi lui dit qu’"il faut y aller".
"C’est un homme très pragmatique et suffisamment avisé pour savoir ce qu’il a à faire", complète Gilles Lurton.
"Mon choix n’est pas difficile, pas douloureux. Beaucoup d’élus aimeraient être à ma place", s’amuse Jean-Luc Bourgeaux .