"L'expression de la douleur des familles", quand la Grande Guerre se dessine sur les vitraux des églises

Le 11 novembre est le jour de commémoration de l’armistice de la guerre 14-18. Un conflit mondial qui a laissé des traces, jusque dans les églises bretonnes pourtant éloignées du front. Les combats et le sacrifice des soldats y sont immortalisés sur des vitraux dits patriotiques. Un patrimoine largement méconnu.

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Les commémorations, de ce qu'on a désigné comme la Grande Guerre, se font habituellement devant les monuments aux morts. Pourtant, le conflit 14-18 a laissé d'autres empreintes dans les communes, un patrimoine largement méconnu. Une soixantaine d'églises bretonnes abritent ce qu'on appelle des "vitraux patriotiques" ou encore des" vitraux du souvenir". Des œuvres réalisées dans les années 1920-1930, le plus souvent.

"Ces vitraux sont le reflet d'une compétition entre les laïcs et les catholiques, explique ainsi Norbert Galesne, qui a publié plusieurs ouvrages sur le sujet. "Après la Première Guerre mondiale, on érigeait des monuments aux morts dans toutes les communes. L'Église n'a pas voulu que les laïcs soient les seuls à s'emparer de la mémoire des morts et elle a fait dresser des vitraux en leur hommage" poursuit-il.

Ces vitraux sont le reflet d'une compétition entre les laïcs et les catholiques.

Norbert Galesne

auteur de livres sur les vitraux patriotiques en Bretagne

À lire sur le sujet : L'hommage d'une commune à quatre frères morts au combat pendant la Première Guerre mondiale

"Des vitraux symboliques du message de l'Église catholique"

Sur le vitrail de l'église du Minihic-sur-Rance, le visiteur découvre ainsi un marin dans une tranchée, et au-dessus un christ en croix. "Ce vitrail est symbolique du message de l'Église catholique, avec la réunion de deux sacrifices, explique Norbert Galesne, celui de Jésus-Christ pour sauver les hommes et celui du citoyen pour sauver sa patrie."

Un passionné, qui ajoute pour ce vitrail plus récent, "Ça n'est pas forcément la place d'un marin dans une tranchée, mais plutôt celle d'un poilu. La première raison, c'est que la tranchée évoque la guerre 14-18, et le fusiller marin, la guerre 39-45. Ça réunit, en un seul vitrail, les deux conflits majeurs du XXe siècle.

Ces vitraux rappellent les souffrances vécues par les familles.

Norbert Galesne

auteurs de quatre ouvrages sur les vitraux patriotiques en Bretagne

Et puis nous sommes aussi au Minihic, en bord de Rance, qui vivait de la construction navale et de la pêche et qui a fourni beaucoup de marins à l'armée française."

La majorité de ces vitraux du souvenir, sont financés par les paroissiens eux-mêmes, c'est-à-dire les familles des victimes. Durant la guerre 14-18, "les familles ont été très durement éprouvées" rappelle Norbert Galesne. "Ici, par exemple, la commune a compté 22 morts pendant ce conflit. Les vitraux rappellent les souffrances vécues par les familles."

À Lire sur le sujet : "Fusillé pour l'exemple", au pays du Caporal Lechat, la mémoire ne vacille pas

"Une espèce de chasse au trésor"

À partir du vitrail de Saint-Père-Marc-en-Poulet, non loin de Saint-Malo, qui comporte un poilu et qu'il connaissait, Norbert Galesne a eu envie, avec son fils Érik, de sillonner la Bretagne, pour les répertorier. Il a ainsi inventorié toutes les églises des communes bretonnes. "Une espèce de chasse au trésor", dit-il qui a duré huit ans et qui a donné naissance à quatre ouvrages. Ensemble, ils ont ainsi redécouvert ces vitraux dans une soixantaine d'églises de la région. Un patrimoine qu'ils ont aujourd'hui à cœur de sortir de l'oubli.

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