Les impôts, l'ISF, la CSG, ce sont les principaux thèmes sur lesquels quelque 150 habitants de Saint-Briac, en Ille-et-Vilaine, ont débattu ce jeudi soir. La salle du presbytère affichait complet pour l'un des premiers débats voulus par l'exécutif pour répondre à la crise des "gilets jaunes".
Dès 18h30, la salle dite du presbytère, salle communale où sont célébrés les mariages, est comble à Saint-Briac, commune huppée de 2 000 habitants de la Côte d'Émeraude. Près de 150 personnes se sont déplacées, et plusieurs participants, des retraités principalement, ont même dû rester debout pour assister à l'un des tout premiers "grands débats" organisés en France. En costume-cravate, le maire Vincent Denby-Wilmes (sans étiquette) cadre la discussion en demandant à tous de "respecter la charte" de bonne conduite, précisant que trois personnes prendront des notes et effectueront une synthèse disponible sur internet.
Salle comble à #Saint-Briac (35) pour l’un des premiers rendez-vous du #GrandDebatNational pic.twitter.com/blJDxCJ4Vq
— Nathalie Rossignol (@nathrossignol) January 17, 2019
La fiscalité au cœur du débat
"Quel impôt faut-il baisser ? Comment rendre notre fiscalité plus efficace ?" lance le maire. Aussitôt, des mains se lèvent, les micros s'échangent et les prises de parole se succèdent. "Il faudrait plus de tranches sur l'impôt sur les revenus", estime Gérard. Plusieurs personnes ont préparé des fiches et certains ont même sorti un petit carnet pour
la prise de notes. Certains s'étonnent qu'il n'y ait pas de modulation de la TVA en fonction des revenus et qu'il n'y ait pas le même taux d'imposition sur les sociétés au sein
des pays de l'Union européenne.
La fiscalité et l’utilisation des dépenses publiques au cœur du débat #Saint-Briac #GrandDebatNational
— Nathalie Rossignol (@nathrossignol) January 17, 2019
Le ton monte sur la question des migrants
Le débat est courtois, chaque personne se présente avant de lancer sa contribution. "On pourrait demander aux services fiscaux de mieux lutter contre la fraude fiscale, pourquoi est-ce un privilège de Bercy (le ministère des Finances, ndlr)? ", s'étonne Michel. Les esprits s'échauffent brusquement quand un des participants se plaint "de l'argent
gaspillé pour les migrants". "Est-ce que l'on doit privilégier les nationaux ou ceux qui prennent possession de notre territoire?", lance l'un des participants qui se fait huer. Le maire éteint rapidement l'incendie en posant une autre question.
Le pouvoir d'achat s'invite dans la discussion
Si le débat porte sur la fiscalité, il "déborde" souvent sur d'autres sujets. Ainsi, la question du pouvoir d'achat arrive souvent sur le tapis. "Il faut absolument encadrer les loyers, dans les années 1980, ce que je payais comme loyer à Rennes correspondait à 1/6e de mon salaire, aujourd'hui c'est un tiers, comment voulez-vous que les jeunes s'en sortent ?", s'interroge Sylvain. Si beaucoup réclament que les plus hauts revenus ou les sociétés réalisant des bénéfices payent plus d'impôt, certains rappellent que "le matraquage fiscal des entreprises est un frein majeur à notre retour à l'équilibre budgétaire". Les points de vue se succèdent, avec quelques interrogations tout de même quant à la démarche présidentielle et à la finalité de l'exercice.
L'idée d'un salaire maximal
Une intervention originale récolte des applaudissements nourris: établir un salaire maximal. "Ce qui est scandaleux est la disparité des revenus", dit Gérard, en allusion au salaire de Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP). "Il faudrait une échelle des rémunérations allant de 1 à 5 dans la fonction publique", estime-t-il. Plus étonnant, plusieurs interventions ciblent le coût du budget de la Défense (porte-avions, sous-marins) et les interventions de l'armée française dans les opérations extérieures, notamment en Afrique.
Le besoin de débattre
Au bout de deux heures et après avoir salué toute l'assistance, le maire invite les participants à prendre une petite coupe et à se revoir la semaine prochaine autour d'un des trois autres thèmes, l'organisation de l'Etat et des services publics, la transition écologique et la démocratie et la citoyenneté. "Il y avait beaucoup de monde, ça répond à un besoin, y compris ici à Saint-Briac où l'on a l'habitude de débattre", dit le maire. Joël, retraité mais "en activité" comme accompagnant scolaire en raison de la faiblesse de sa retraite (1.300 euros), a apprécié la tenue des débats, comme la majorité des personnes. "C'était très intéressant, le débat était de bonne tenue et les gens sont restés corrects. Je reviendrai jeudi prochain! ", promet-il. A Saint-Briac, au moins trois autres réunions sont en effet prévues dans les semaines à venir.