Grand débat : les maires réservés, les Gilets jaunes plus que déçus

Ils avaient ouvert des cahiers de doléances dans leurs mairies, les maires ruraux de France sont allés les porter ce lundi à Paris. 5000 revendications qui vont alimenter le grand débat national. Côté Gilets jaunes, c'est la déception, comme l'expliquent ceux que l'on a rencontrés à Rennes.


Les maires qui ont remis lundi à Emmanuel Macron les doléances exprimées depuis un mois par les Français sont réservés sur l'efficacité du grand débat lancé par le chef de l'Etat. Pour Vanick Berbérian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), la lettre d'Emmanuel Macron adressée dimanche aux Français est "une rampe de lancement" pour le grand débat national et "pose bien le diagnostic".

Reçu dans l'après-midi à l'Elysée, puis par le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, le président de l'Association des maires ruraux de France est cajolé par l'exécutif qui compte sur ses troupes, quelque 10 000 maires de communes rurales, pour faire vivre le grand débat.

Mais s'ils sont fiers d'avoir fait remonter la parole des Français, ces derniers restent prudents sur la suite. "On sent que le président de la République a besoin de nous. Pour le moment, on dépose nos cahiers de doléances volontairement avant le grand débat pour ne pas être associés à une opération gouvernementale", explique Christian Derrien, maire de Langonnet (Morbihan), une commune de 1 900 habitants.
 

Justice sociale et fiscale

5 000 doléances recueillies dans de petits cahiers ont déjà été transmises à l'exécutif. La justice sociale, fiscale et la défense des services de proximité figurent en tête des revendications.

Pour Louis Pautrel, le maire de Le Ferré (700 habitants) en Ille-et-Vilaine et  vice-président de l'Association des Maires ruraux de France, tous les habitants qui sont venus alimenter les cahiers de doléances ont considéré que c'était "une démarche citoyenne". "Ils étaient motivés et exprimaient le besoin de le faire".

Quelle suite le chef de l'Etat va-t-il donner à cette somme inédite de protestations et de propositions des Français ? "Ce qu'il en fera reste un petit peu flou", estime Vanik Berberian, qui craint que ce soit encore une fois à l'arrivée "du raccommodage
et non pas des changements de fond".


C'est un "mini big-bang dans les mois et années à venir qui se prépare si le gouvernement suit les requêtes exprimées dans les cahiers de doléances" explique Louis Pautrel.
Louis Pautrel, maire de Le Ferré (Ille-et-Vilaine), vice-pdt de l'Association des Maires ruraux de France / Images : France 3


Maires "facilitateurs"   

Certains maires attendent de voir s'il y a une demande de leurs administrés avant de s'engager plus avant dans le grand débat. D'autres entendent être des "facilitateurs" qui permettent de renouer le dialogue entre l'Etat et les citoyens. D'autres encore feront service minimum. 


"Nous écouter plutôt que de poser des questions"

Côté Gilets jaunes, dont le grand débat est sensé canaliser la colère, les réactions étaient lundi beaucoup plus tranchées. Certains ont planché sur la lettre d'Emmanuel Macron toute la nuit. Elle a été au cœur des discussions toute la journée. Et la copie du président les déçoit.

Pour ceux qu'une de nos équipes a rencontré dans leur "maison citoyenne" qu'ils occupent depuis trois semaines sur Rennes, "la lettre d'Emmanuel Macron pose des questions alors qu'ils attendent d'être écoutés depuis des semaines" explique . 

Dans sa lettre aux français, le président pose une trentaine de questions sur les impôts, la transition écologique, l'organisation de l'État ou encore la démocratie. Mais ces gilets jaunes refusent de se laisser dicter le cadre du débat.
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