Le cabinet d'architecture Philippe Prost, associé au scénographe David Lebreton de l'agence Designers Unit, ont été choisis pour transformer l'École nationale supérieure maritime (ENSM) de Saint-Malo en musée maritime. Un lieu de vie au bord des remparts, qui devrait voir le jour fin 2028.
La ville de Saint-Malo va se doter d’un nouveau musée : L’Hydro – Musée maritime de Saint-Malo. Un projet ambitieux qui s’inscrit dans une volonté de valoriser l’histoire maritime malouine et les enjeux relatifs à la mer aujourd’hui et demain. C'est l'architecte Philippe Prost, associé au scénographe David Lebreton de l'agence Designers Unit, qui ont été choisis à l'unanimité par le jury composé d'experts et d'élus.
Leur mission sera de transformer l'École nationale supérieure maritime (ENSM) en musée maritime du 21e siècle et en faire un nouveau lieu de vie dans cette partie de la ville intra-muros.
C'est l'épilogue d'un véritable feuilleton au coeur de la cité corsaire : à l'origine, un nouveau bâtiment devait être construit. Depuis sa première estimation en février 2018, plus de 12 millions d'euros, le coût de l'ambitieux projet dessiné par l'architecte japonais Kengo Kuma n'avait cessé de flamber, au point qu'il n'était plus envisageable pour le budget de la ville. La municipalité malouine avait donc annoncé le 8 juin 2021 qu'elle renonçait à ce projet, mais n'abandonnait pas l'idée d'un musée d'histoire maritime pour la ville.
Les images de ce "bateau monde"
L’architecte Philippe Prost place au fondement de sa pratique l’étude historique et le lien entre les époques. Il a ainsi, parmi ses nombreuses références, la citadelle de Belle-Île-en–Mer, l’Hôtel de la Monnaie à Paris, le Mémorial international ou l'Anneau de la Mémoire - Notre-Dame-de-Lorette.
Le site retenu est emblématique de la ville et probablement, du point de vue architectural et urbain, l’îlot le plus intéressant de la reconstruction de Saint-Malo. Le projet de Philippe Prost s'appuie sur le bâtiment de Louis Arretche, dernièrement labellisé "Architecture contemporaine remarquable" qui imbriquait déjà démolitions, constructions neuves, réemploi et déplacements : retournement de façade, déplacement des arcades du cloître, réutilisation du rempart...
Le projet final recrée du lien entre la vieille ville et les remparts, s'appuyant donc derrière le travail de Louis Arretche sans toutefois figer ce patrimoine. Ainsi des opérations contemporaines viennent compléter, découper ou relier l’architecture existante pour accueillir un nouvel usage. L’abaissement du sol de la cour dégage un café avec vue sur mer, le percement d’une faille crée un accès depuis les remparts, et l’ajout d’une passerelle de liaison permet de boucler le parcours. Ces adjonctions viennent connecter et dialoguer avec les volumes de pierre existants. La vigie en porte-à-faux sur les remparts est une citation du projet de Louis Arretche, dessinée dans les plans initiaux mais jamais réalisée. L'hospitalité, principe fondateur du programme muséographique et architectural, prend ici une dimension globale, à l'échelle du site.
Muséographie immersive
Signée par l’agence Designers Unit, la muséographie du parcours permanent comme des espaces d’expositions temporaires s’appuie sur un programme scénographique fort, immersif et réflexif, un lieu d'ancrage et de voyage, un vaisseau en partance pour une traversée reliant des horizons et des collections multiples.
Destinés au public le plus large, les espaces d’exposition privilégient l'approche par le récit avec des scénographies originales qui conjuguent différentes dimensions : historique, artistique, technique et ethnologique.
Les espaces permettront aux différents visiteurs de découvrir une collection, un sujet, un point de vue, d’apprendre selon une vision transversale et d’être actif pour mobiliser connaissances et imaginaire afin de s’approprier les informations présentées, les partager et enfin contempler, rêver, imaginer.
La livraison du bâtiment est prévue fin 2028.