La Bretagne compte 31 600 travailleurs handicapés pour 5 450 entreprises assujetties à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés. Leur taux d'emploi est de 5,2% en Bretagne, contre 4,5 en France. Les Jeux paralympiques donnent de nouvelles perspectives, mais certaines adaptations se mettent en place trop lentement dans le monde du travail. Témoignages.
"Tout le monde s’est rendu compte que le handicap n’était pas un frein au sport de haut niveau, donc ça ne doit pas être un frein au milieu du travail" explique Julia Barone, directrice générale de Up’intérim, spécialisée dans l'emploi des personnes en situation de handicap. Il y a quatre agences en Bretagne.
En Bretagne, où le taux d'emploi des personnes en situation de handicap est supérieur à la moyenne nationale. Il est de 5,2%, contre 4,5 en France. Dans la région, 36% des entreprises remplissent intégralement leur obligation d'emploi par l'emploi direct, ce taux est de 29% au niveau national.
Ces chiffres sont publiés par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, ils datent de 2022. L'obligation d'emploi des travailleurs handicapés prévoit que chaque employeur assujetti compte au moins 6% de salariés ayant une reconnaissance de handicap, à défaut de quoi il s'acquitte d'une contribution au fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Seuls les établissements de 20 salariés ou plus sont assujettis à cette obligation.
Pendant les jeux paralympiques, on a regardé les compétences et les envies des sportifs et pas leur handicap. Il faut profiter de ces jeux pour faire évoluer les choses. Ce qui a été possible pendant les Paralympiques est possible dans le monde de travail.
Julia Barone, Directrice Générale de Up’intérim
Dans ces agences bretonnes en ce moment, il y a beaucoup d'annonces pour des postes dans la logistique, le bâtiment, l’agroalimentaire et l’industrie en général. " Rien n’est impossible, dit-elle, quelque soit le secteur. Il faut la volonté et il faut convaincre". Parce que régulièrement les employeurs ont cette volonté dont elle parle, mais rencontrent des difficultés à convaincre les managers directs.
Elle, a su convaincre. Elle travaille depuis quelques mois dans une entreprise d'imagerie médicale du côté de Rennes. Elle a souhaité garder son anonymat. Cette quadragénaire explique avoir répondu à une annonce où les travailleurs handicapés étaient les bienvenus, mais subit quelques déconvenues, chez son nouvel employeur.
On m’avait prévenu que la salle de pause n’était pas accessible [aux fauteuils roulants]. Or cette salle de pause est une extension qui a été réalisée, il y a moins de deux ans; elle devrait être aux normes.
Une salariée
Par ailleurs, il n’y a pas de toilettes pour les salariés à mobilité réduite. Elle doit utiliser les toilettes réservées aux patients, qui elles, sont accessibles. Autre déconvenue, quelques mois après son embauche, son employeur lui a fourni un bureau réglable en hauteur. Malheureusement, il est surdimensionné par rapport à la pièce de travail qui réunit tous les salariés, il gêne ses collègues dans leur déplacement.
Handicap et emploi. "Venir en entreprise, cela nous permet d’être compris". L'opération DuoDay plébiscitée. (francetvinfo.fr)
Elle raconte également qu'elle travaille avec une blouse, régulièrement lavée par son employeur. "Quand ma blouse revient propre, elle est déposée en hauteur, je ne peux pas l'attraper, seule. Une de mes collègues me la dépose gentiment dans mon casier. Pourtant adapter la penderie serait simple, il suffit d’un bout de ficelle et un bout de bois".
Un tiers de ses candidatures rejetées, faute de pouvoir entrer au bureau en fauteuil
Par rapport aux Jeux paralympiques, elle est ravie de ce qui s’est passé. "Les gens ont été embarqués, dit-elle et ça c’est bien". Quant aux conséquences positives pour les personnes en situation de handicap, dans le monde du travail ou du sport, elle s’interroge.Elle aimerait d'abord que tous les clubs de sports soient adaptés pour recevoir le public à mobilité réduite. Et dans le monde du travail, "c’est un combat de tous les jours".
TÉMOIGNAGE. Agriculture et handicap. "On est capables de faire ce métier. Il faut ouvrir les champs du possible" (francetvinfo.fr)
Avant d'être embauchée il y a quelques mois dans cette entreprise d'imagerie médicale, elle était salariée dans une autre société depuis plusieurs années et n'avait pas fait de recherche d'emploi depuis lontemps. Quand elle a dû s'y remettre, elle a été extrêmement surprise. Un tiers de ses candidatures ont été rejetées, faute d’accessibilité,"ça n’avait pas changé depuis 15 ans.", dit-elle.
