Ce jeudi 23 novembre, dans le cadre de l’opération nationale DuoDay, les entreprises accueillent des personnes en situation de handicap, et leur permettent de passer la journée en duo avec un salarié. Objectifs affichés : découvrir des métiers, créer des opportunités, et faire évoluer le regard sur le handicap. A France 3 Bretagne, 5 duos ont été formés. Témoignages.
Ce jeudi 23 novembre à 9h du matin, Marie et Pauline ont pris place autour de la table de conférence de rédaction de France 3 Bretagne à Rennes. Au même moment, Abel, lui assistait à la réunion de rédaction de France 3 Iroise à Brest.
Tous les 3 souffrent d’un handicap, visible ou invisible, et ont choisi de profiter de l’opération DuoDay pour passer cette journée à France 3 Bretagne, aux côtés de journalistes.
La découverte d’un univers
À Rennes, après la conférence de rédaction, il est l'heure pour Marie et Pauline de partir en reportage avec Séverine Breton, journaliste rédactrice et Christophe Rousseau, journaliste reporter d’images de la rédaction.
À 43 ans, Marie a déjà travaillé pour la presse écrite quotidienne régionale et voulait découvrir l’univers de la télévision. "Je souhaitais voir l’envers du décor du métier de journaliste télé" explique-t-elle.
Mission accomplie. Du tournage au mixage en passant par le montage, les deux stagiaires ont suivi toutes les étapes de fabrication d’un reportage du journal télévisé régional. Elles ont aussi pu visiter le plateau ou la régie qui permettent l’enregistrement d’émissions et la diffusion en direct du journal.
A Brest, Abel lui a découvert le travail des monteurs, du mixeur mais aussi le travail de journaliste rédacteur pour le numérique, aux côtés de Carole Collinet-Appéré qui l’a accompagné pour la journée.
"Le Duo day, j’ai dit ‘why not’ quand on m’a proposé de le faire. Venir à France 3 à Brest, c’est une super opportunité ! " raconte Abel
Un bilan positif
Le jeune homme de 21 ans, étudiant en licence d’anglais, est atteint d’infirmité motrice cérébrale. Plus tard il souhaiterait travailler dans la communication, et plus spécifiquement dans l’univers de la mode. Si la télévision n’est pas un domaine d’activité dans lequel il se projette, Abel a apprécié sa journée « J’ai pu assister à la conférence de rédaction, regarder le montage, assister au mixage et je constate que les outils sont bien plus complexes que ceux que j’utilise quand je fais le montage de mes vidéos » dit l’étudiant en riant. Plus sérieusement, il ajoute "je me suis rendu compte qu’ici, c’est un vrai travail en équipe".
À Rennes, Marie se dit très satisfaite de la journée. Elle lui a permis de rencontrer des gens, de se faire des contacts et de découvrir d’autres professions. "Cette opération DuoDay est vraiment une bonne initiative" commente-t-elle.
Même bilan pour Pauline : "Je n’avais jamais entendu parler de cette opération DuoDay avant, et en fait c’est vraiment super " dit avec enthousiasme cette ancienne contractuelle de l’Etat.
Pour des gens qui ne savent pas vraiment quoi faire, c’est idéal !
Pauline, participante au Duo Day
À 45 ans, Pauline doit réenvisager sa vie professionnelle. Après un covid long qui a bouleversé sa vie, elle doit aujourd’hui retrouver un travail qui soit compatible avec les troubles neurologiques dont elle souffre. Cette journée était l’occasion de se confronter à ses limites, de voir ce qui était envisageable, mentalement et physiquement. Et son bilan de la journée est très positif. "La journée était super chouette. On a vu des choses très différentes et pour des gens qui ne savent pas vraiment quoi faire, c’est idéal !"
Une journée par an ce n’est pas beaucoup. Il faudrait que l’on puisse rester quelques jours dans l’entreprise pour comprendre encore mieux son fonctionnement
Abel, étudiant
Abel lui est plus modéré. Si l’initiative a le mérite d’exister, il estime qu'"une journée par an ce n’est pas beaucoup. Il faudrait que l’on puisse rester quelques jours dans l’entreprise pour comprendre encore mieux son fonctionnement. Là, on a un petit aperçu"
Faire changer les regards sur le handicap
Pour Marie, Pauline ou Abel, l’autre intérêt d’une telle opération, est de participer à faire changer le regard sur le handicap et de favoriser l’insertion professionnelle.
"Venir en entreprise, cela nous permet d’être compris car nous sommes des personnes comme tout le monde. Le handicap apporte aussi une force en plus au sein d’une entreprise. On ne se résume pas qu’à notre handicap " commente l'étudiant du haut de ses 21 ans.
Pour Séverine Breton, la journaliste "tutrice", vivre l’expérience du DuoDay était une évidence: "dans les journaux on fait souvent des sujets sur l’inclusion, donc c’est quand même bien d’y participer un peu. On ne peut pas toujours être dans le "faites ce que je dis", et ne pas le faire... commente la journaliste, qui confirme, par ailleurs, que cette journée a aussi eu un impact sur elle. "On a partagé beaucoup de choses dans la journée, et on voit forcément les choses un peu différemment. En plus, leur enthousiasme est communicatif " se réjouit la rédactrice, toujours volontaire pour donner de son temps et partager sa passion pour son métier.
En 2022, 20 746 duos ont été enregistrés sur la plateforme duoday.fr.