"Un envol de plume suffit pour propager la maladie". Le retour de la grippe aviaire inquiète les éleveurs de canards

Ces dernières semaines, trois cas de grippe aviaire ont été déclarés, en France. Tous en Bretagne. Les éleveurs bretons sont sur leurs gardes et prennent le maximum de précautions pour éviter d'être touchés. A la Ferme du Luguen, en Ille-et-Vilaine, les canards ne sortent plus.

"Tout le monde surveille" explique Christophe Lelièvre, éleveur à Maure-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine et dirigeant de la Ferme du Luguen. Il se souvient des hivers 2022 et 2023 où la grippe aviaire avait fortement touché les élevages de volailles.

Ces dernières semaines, trois cas de grippe aviaire ont été déclarés, en France, tous en Bretagne. Un premier cas a été décelé le 13 août à Combourg, en Ille et Vilaine, dans un élevage de volailles en plein air, un deuxième cas, le 20 août, à Camoël dans le Morbihan, dans un élevage de dindes et un troisième, le 4 septembre, dans un élevage de volailles de plein air à Hanvec, dans le nord Finistère. Virshna Héng, le directeur départemental adjoint de la protection des populations d'Ille-et-Vilaine, rappelle la rapidité de la propagation du virus. En 36 heures, 75 % des dindes sont mortes dans cet élevage.

Ils sont tous les trois situés en Bretagne

Les trois premiers foyers en élevage confirmés en France depuis l'hiver dernier sont donc situés en Bretagne. Il faut rappeler que c'est la première région d'élevage de volailles en France. La Bretagne est aussi un couloir migratoire, explique Virshna Héng, avec de nombreuses oiseaux sauvages qui passent par notre région. Dans le Finistère, ajoute-t-il, des goélands argentés contaminés par la grippe aviaire ont été découverts à proximité de l’élevage d'Hanvec. "La contamination va très vite, explique Virshna Héng, d’autant qu’un envol de plume suffit pour propager la maladie". 

Par ailleurs, le directeur départemental adjoint de la protection des populations d'Ille-et-Vilaine explique qu'il y a eu un essor "du plein air" ces dernières années. Les trois élevages contaminés en Bretagne sont des élevages, 100 % plein air ou en partie plein air.

Des précautions ont été prises dans beaucoup d'élévages

A la Ferme du Luguen, les canards devaient être remises dehors, mais Christophe Lelièvre a renoncé à les sortir. 

Nous n'avons pas remis nos canards dehors. Ils sont élevés à l'intérieur de nos bâtiments et quand les bâtiments sont à demi-ouverts, nous avons posé des filets et des grillages de protection

Christophe Lelièvre, dirigeant de la Ferme du Luguen

Par ailleurs, toute la paille qui était à l’extérieur jusqu’à présent, sera mise à l’abri très rapidement. 
L’entrepreneur voudrait que son élevage vive en autarcie. Il a un abattoir sur place et les bâtiments d’élevage et l’atelier de gavage sont à 200 mètres l’un de l’autre, "pour éviter les aller et venues de l’extérieur". Il organise une porte ouverte les 12 et 13 octobre, l'éleveur voulait faire visiter l’abattoir et faire en sorte que les gens voient "à nouveau" les canards. Trop dangereux ont dit les vétérinaires. La porte ouverte aura bien lieu, mais loin des canards. 

Autre mesure de précaution, le vaccin. Tous ses canards sont vaccinés, un vaccin à la naissance au couvoir et un vaccin quatre semaines après: "C’est une contrainte, c’est un surcoût, mais c’est notre travail on fait avec" explique l'éleveur. 

Qu'en est-il du vaccin?

Cette campagne de vaccination avait été lancée dans les élevages, en France par le ministère de l'Agriculture. C'était une première en Europe. Elle se poursuit aujourd'hui et ne concerne que les canards, car le vaccin n'est pas adapté pour les autres volailles.

À la date du 1er août 2024, 47 940 511 canards ont fait l'objet de cette vaccination, dont 4 608 908 en Bretagne.

Le virus est-il transmissible à l'homme?

L'Organisation mondiale de la Santé avait fait part de son "énorme inquiétude" en avril dernier, face à la propagation de la souche H5N1 de la grippe aviaire à de nouvelles espèces, y compris les humains. Début avril, deux personnes ont été testées positives aux Etats-Unis, après l'infection de troupeaux, notamment au Texas et au Kansas. Entre le début de l'année 2003 et le 25 mars 2024, l'OMS a déclaré avoir enregistré un total de 888 cas humains de grippe aviaire dans 23 pays, dont 463 décès. 

L’Union européenne a annoncé, le 11 juin dernier, avoir conclu un contrat qui lui permettra d’acheter des vaccins du laboratoire britannique Seqirus censés prévenir la contamination des êtres humains par la grippe aviaire. La France devrait recevoir 200 000 doses. Il n'y a pour l'heure aucune preuve d'une transmission d'humain à humain.

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