Et si les enseignements d'un sport collectif comme le football pouvaient aider à la réinsertion des jeunes ? C'était le pari de l'association Remise en jeu à Lorient en 2012. Aujourd'hui, elle oeuvre dans 12 villes de Bretagne. A Fougères, 15 jeunes bénéficient du programme depuis décembre dernier.
Sur le terrain de football du stade de Fougères, les 15 jeunes qui s'entraînent chaque matin depuis le mois de décembre n'étaient pas forcément des fans de ballon rond au départ. Et leur objectif n'est pas d'être le prochain Kylian Mbappé ou la prochaine Amandine Henry, mais de puiser dans les enseignements d'un sport collectif les moyens de se bâtir leur vie sociale et professionnelle.
"Dans la vraie vie, il y a des trucs qu'on ne peut pas vraiment gérer, mais quand on est au foot, on fait des exercices qui ressemblent à des choses de dehors, et moi j'essaie de prendre ça et de le mettre dans ma vie pour essayer de continuer à avancer" explique Leslie, 25 ans.
Entraînement le matin, école l'après-midi, depuis trois mois elle bénéficie de ce programme de réinsertion par le football proposé par l'association Remise en jeu.
Le sport contient tous les ingrédients de la vie sociale, familiale et professionnelle.
A l'origine de ce programme, l'ancien joueur professionnel devenu directeur d'un Institut Médico-Educatif, Robert Salaün : "Je m'étais aperçu qu'il y avait une corrélation chez les jeunes entre ceux qui étaient bons à l'école, qui avaient un potentiel scolaire, et ceux qui étaient bons en sports collectifs. Et je m'étais dit que l'outil sportif était sous-utilisé. Le sport contient tous les ingrédients de la vie sociale, familiale et professionnelle."
12 centres en Bretagne
En 2012 il créé donc à Lorient "Remise en jeu", une association dont le but est la réinsertion sociale par le football. Elle propose à une quinzaine de jeunes gens en décrochage scolaire ou en situation de précarité sociale de s'appuyer sur ce sport pour retrouver un élan et se projeter. Une deuxième antenne a vu le jour à Quimperlé, et depuis mai 2020, l'association, lauréate du projet 100% inclusion lancé par le ministère du Travail, s'est répandue dans 12 villes de Bretagne.
A 18 ans, Jason a intégré la formation de Fougères au mois de décembre après trois années passées dans la rue. Aujourd'hui il a des copains, une chambre dans un foyer, touche une idemnité de 840€ par mois, et se prépare à entrer dans l'armée en août prochain. "C'est très bien pour moi, ça me permet de me remettre dans des lignes de vie à peu près basiques, avec des horaires, des temps de roulement aussi différents chaque jour, c'est quelque chose qui m'apporte beaucoup" raconte-t-il.
80% des jeunes décrochent un emploi ou une formation
Enseigner le football le matin, proposer dictée, géométrie ou géographie l'après-midi, adaptées au niveau de chacun, les éducateurs qui accompagnent Leslie, Jason et leurs compagnons doivent avoir un profil à plusieurs facettes. Ils sont à la fois entraîneurs, instituteurs et éducateurs. Si leur mission est parfois complexe, ils sont épatés par l'implication et la motivation de ces jeunes gens au parcours chaotique : "Il n'y en a aucun qui rechigne à la tâche alors que pourtant, faire du français ou des maths, c'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant pour eux à la base" constate Pierre-Alexandre, éducateur.
Au bout de 8 mois, les bases consolidées et la confiance en soi restaurée, 80% des jeunes gens passés par Remise en jeu décrochent un emploi ou une formation qualifiante. Pour Jason, ce sera sûrement l'armée. Leslie elle, envisage un CAP Petite Enfance.