Direction la Baie du Mont-saint-Michel, au Port du Vivier-sur-mer, capitale de la moule de bouchot. Le réalisateur et plongeur Félix Urvois nous emmène à la découverte de l’histoire passionnante de la mytiliculture. Grâce à ses rencontres avec plusieurs générations de mytiliculteurs, Félix retrace le parcours de la moule de bouchot, du naissain à l’assiette. Voici son témoignage.
Pour ce nouvel épisode Littoral, je vous invite à découvrir l’histoire humaine et le savoir-faire qui se cache derrière un produit de la mer dont on parle trop peu. Les moules sont des coquillages qui font partie du quotidien, mais elles sont rarement au cœur des sujets pouvant alimenter la discussion autour de la table… Et pourtant elles pourraient nous surprendre !
Première AOP de la mer
Il y a quelques années, dans le cadre de mon métier de réalisateur, j'ai tourné un reportage consacré au terroir de la baie du Mont Saint-Michel. J’ai découvert l’histoire incroyable des moules cultivées au Vivier sur mer. Elles sont le résultat d’un pari fou qu’ont fait quelques pionniers charentais et vendéens à la fin des années 50. Ils sont venus planter une forêt de coquillages dans ce paysage emblématique, mais si difficile à exploiter. Soixante ans plus tard, le fruit de leur travail aboutira à la création de la première AOP de la mer, rien que ça ! Et pour mieux rappeler cette aventure, les moules à l'état de naissain sont encore aujourd’hui collectées en Charentes puis transportées pour venir grandir ici.
Les moules grandissent immergées dans les plus grandes marées d'Europe
La tradition se perpétue et pourtant le métier des mytiliculteurs a quant à lui bien changé. Bateaux amphibies, grues embarquées, rangées d’entrepôts et logistique bien huilée... ils ont dû tout créer afin de s’adapter à un territoire dans lequel l'on peut observer les plus grandes marées d'Europe. Progressivement, ils ont bâti l’économie prospère que l’on connaît aujourd’hui.
Toute une épopée, que partage volontairement Jean-Luc Tonneau aux clients attablés dans son restaurant. C'est comme ça que je l'ai rencontré la première fois. J'ai eu envie de revenir avec Littoral pour qu'il nous ouvre grand les portes de ce monde à part que peut être la mytiliculture. Producteur d'huîtres et de moules, restaurateur, photographe, il a plusieurs casquettes et tout le monde le connait au Vivier sur Mer. Il n'y a plus qu'à se laisser guider par sa voix grave de conteur d'histoire pour découvrir le plus charentais des territoires armoricains.
Peut-être qu'après cette rencontre, vous aussi penserez que la baie du Mont Saint-Michel n'est finalement ni bretonne, ni normande, mais marquée d'une tout autre identité.