A Rennes et Quimper, les guichetiers en grève dénoncent la réorganisation de l'entreprise après le suicide de 2 cadres.
Quimper: les manifestants et la "machine à broyer"
30% de grévistes dans le departement aujourd'hui selon la direction. Le mouvement de greve national lancé à l'appel de plusieurs syndicats portait sur les conditions de travail dans les agences postales. A Quimper, le drame de Trégunc était dans tous les esprits.
Plusieurs syndicats avaient lancé un appel à la grève au niveau national aux guichetiers de La Poste pour protester contre les suppressions de postes, les conditions de travail et les rémunérations. En Bretagne, où deux cadres se sont donnés la mort le 29 février à Rennes et le 11 mars à Trégunc dans le Finistère, le mouvement avait un retentissement particulier. A Quimper, une quarantaine de postiers ont manifesté devant la direction de l'Enseigne ouest Bretagne et ont dénoncer la réorganisation de La Poste, "machine à broyer". Les manifestants, qui n'avaient pas déposé de préavis de grève en dehors du mouvement de grève national, s'étaient regroupés dans le calme devant la direction de
l'Enseigne (les guichets) ouest Bretagne du groupe.
A Quimper, le drame de Trégunc dans tous les esprits
A Rennes, une quarantaine de postiers du service "Enseigne" (guichet) se sont également réunis pour protester contre le mal-être au travail. "La situation à l'enseigne est inquiétante et urgente", a considéré Valérie Kerauffret, secrétaire départementale de la CGT pour la branche Enseigne de La Poste. Si les récents suicides ont touché le service courrier à La Poste, a-t-elle affirmé, "aucun métier n'est épargné" par les réorganisations et le mal-être. Mme Kerauffret a évoqué des situations de "repli sur soi, troubles du sommeil" vécus par les agents, parfois jusqu'au "suicide", comme deux cas récents au service courrier en Bretagne.
Les syndicats vont lancer une pétition pour "réclamer l'arrêt des réorganisations et ouvrir des négociations sur l'organisation du travail" qu'ils veulent déposer à la direction le 23 mars, date d'un rassemblement auquel sont appelés tous les métiers de La Poste à l'occasion d'une réunion entre direction courrier territorial et syndicats à Rennes.
Le mal-être à l'ordre du jour du CHSCT
Hier, un comité d'hygiène et de sécurité avait lieu à Vannes. Prévu de longue date, son ordre du jour a été modifié après ces deux suicides. Un comité d'hygiène et de sécurité où les syndicats tenaient à témoigner du mal-être au travail de nombreux salariés de l'entreprise publique depuis quelques mois, documents à l'appui.
Des documents bouleversants
Le syndicat SUD a notamment lu le courrier du cadre quadragénaire, marié et père de deux enfants qui a mis fin à ses jours dimanche dernier à Trégunc.
"Depuis plus de trois ans, j'ai l'impression d'un acharnement, d'une volonté hiérarchique de m'acculer", écrit le cadre qui était en arrêt maladie au moment du drame. "Laissez-moi partir, c'est mon choix", explique-t-il dans une note baptisée "Mes demandes", dans laquelle il dit refuser toute réanimation, être prêt à donner ses organes et réclame une inhumation "dans l'intimité familiale" sans "aucun représentant de la hiérarchie de l'entreprise, ni aucun message de cette même hiérarchie".
Une enquête préliminaire à Quimper
L'enquête préliminaire ouverte à Quimper après le suicide du cadre de la Poste du Finistère ne permet pas "pour l'instant" de mettre en lumière un "harcèlement de la hiérarchie", révèle le parquet de Quimper. "Pour l'instant, nous n'avons pas d'éléments laissant penser qu'il y aurait eu harcèlement de la hiérarchie. Il s'agit d'un constat factuel. L'enquête se poursuit", a indiqué mercredi soir le procureur de la République de Quimper, Eric Tuffery, confirmant une information du site du journal Ouest-France. "Des documents ont été trouvés. La veuve sera entendue", a poursuivi M. Tuffery en indiquant que des auditions avaient déjà commencé. L'enquête a été confiée à la gendarmerie.
L'interview de Patrice Campion, militant Sud: