Le groupe Lactalis a été mis en examen pour escroquerie, tromperie et fraude pour falsification de denrées alimentaires suite à la plainte d'un client. La société Serval, spécialisée dans l'aliment d'allaitement pour veaux avait déposé plainte en 2018 après avoir découvert que le lactosérum que le géant laitier lui livrait était un mélange non conforme à sa commande.
"A l'issue de son interrogatoire de première comparution du 5 avril 2022, la SNC Lactalis Ingrédients a été mise en examen pour des faits de pratique commerciale trompeuse entre 2011 et 2016, falsification de denrée alimentaire, boisson ou produit agricole, escroquerie", a précisé le parquet à l'AFP.
Dans cette information ouverte en 2018, le juge d'instruction avait "donné commission rogatoire" à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). Il n'y a pas d'autre mise en examen à ce jour.
"On a vraiment été trompés: pendant des années, on leur fait confiance, on reçoit leur produit, on s'en sert pour faire nos produits et on découvre par hasard que ce qu'ils nous livrent n'est pas ce qu'on leur avait commandé et que ça leur permet de faire d'énormes économies sur notre dos", a déclaré à l'AFP Maître Alexandre Varaut, avocat de la société Serval, implantée dans les Deux-Sèvres.
Plainte en 2018
Fin 2018, une plainte avec constitution de partie civile avait été déposée contre Lactalis Ingrédients par Serval, société spécialisée dans l'aliment d'allaitement pour veaux, agneaux et chevreaux.
"Aux dires de Serval, la marchandise qui lui est livrée depuis plusieurs années est un lactosérum de mélange et non de vache. En outre, ce produit serait plus composé de lactosérum et de perméat, sous-produit laitier d'un taux de protéine nul et contenant une faible proportion de matière azotée non protéique, la principale étant l'urée+", avait indiqué en octobre 2019 le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc.
Cette plainte avait donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire.
La société Serval, qui compte une centaine d'employés, n'entretient plus de relation commerciale avec Lactalis. Le montant du préjudice "n'est pas chiffré pour le moment mais il y a aussi le dommage moral d'avoir été trompé pendant des années", a souligné Me Varaut.
Lactalis compte 85.000 employés dans 84 pays, 266 sites de production dans 51 pays pour un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros, selon les chiffres figurant sur son site internet.