Le lait est un des produits-phares de la Bretagne, et pourtant, beaucoup d’éleveurs sont en difficulté. D’où la création d’un label de lait équitable, comme pour le café en Colombie. L’éclairage de notre chroniqueur, Olivier Dauvers.
Olivier Dauvers, rappelez-nous ce qu’est le commerce équitable ?
Le commerce équitable c’est permettre aux consommateurs qui le souhaitent de donner un sens à leurs achats, à leur consommation. Le phénomène a une trentaine d’années et, en gros, il s’agit de mieux rémunérer les producteurs agricoles, pour qu’ils puissent vivre plus décemment, et de pouvoir le garantir jusqu’au consommateur.
Sauf, que jusqu’à présent, quand on parlait de commerce équitable, on pensait davantage au café, au chocolat, aux pays en voie de développement…
C’est vrai. Le commerce équitable est d’abord né dans une logique que l’on appelle « Sud-Nord ». En gros, les producteurs du Sud qui produisent pour les consommateurs du Nord. Donc les producteurs de café ou de cacao d’Afrique ou d’Amérique du Sud qui produisent pour les Européens que nous sommes. Mais, ici aussi, les producteurs ont parfois du mal à vivre de leur travail. Et c’est précisément l’idée de ce lait équitable.Concrètement, en achetant ce lait, qui est facile à reconnaître avec sa vache bleu-blanc-rouge, le consommateur permet à l’agriculteur d’être payé 10 centimes de plus par litre. Ca veut dire de toucher environ 45 centimes par litre vendu et non 35 centimes comme un éleveur ordinaire.
Et il coûte donc plus cher au consommateur ?
Oui, c’est le principe ! De toute façon si on veut que les producteurs soient mieux rémunérés, ne rêvez pas : c’est bien parce que le consommateur paye plus cher. Sinon, ça ne fonctionne pas !Donc, ici, le lait équitable est vendu 99 centimes. C’est 30 centimes de plus que les briques de lait les moins chères et 15 centimes de plus que le lait des marques. Donc, oui, c’est un lait qui est plus cher que les autres. C’est clairement un effort que l’on demande aux consommateurs.
Et les consommateurs l’achètent ?
Honnêtement, le niveau de ventes est encore modeste. Dans quelques magasins dont j’ai pu avoir les chiffres, c’est moins de 10 % des ventes de lait. Et ça s’explique.C’est un produit onéreux et là on est confronté à la schizophrénie habituelle du consommateur. Bien sûr, il veut que les producteurs soient justement rémunérés pour leur travail mais il est aussi très soucieux de son porte-monnaie.
Parmi les enseignes qui ont le plus suivi la démarche, il y a notamment Carrefour et Super U dans la région. Plus récemment, Lidl a aussi donné un joli coup de pouce au lait équitable avec 50 magasins qui le proposent.