Les avocats des familles des marins noyés lors du naufrage du Bugaled Breizh adresse ce vendredi 8 octobre un courrier au ministre breton, Jean-Yves Le Drian. Ils lui enjoignent de s'expliquer sur ses paroles "Les Anglais n'ont pas tout dit." tenues en 2013 sur l'antenne de France 3 Bretagne.
Jean-Yves Le Drian sommé de dire ce qu’il sait dans l’affaire du Bugaled Breizh. Ce vendredi 8 octobre, la première semaine d’inquest (enquête) pour tenter de faire la lumière sur le naufrage du chalutier breton en janvier 2004 s’achève à Londres. C’est ce jour que les avocats des familles des victimes choisissent d’envoyer un courrier au ministre des Affaires étrangères.
"Les Anglais n’ont pas tout dit"
"Interviewé par France 3 Bretagne le 19 janvier 2013, vous avez déclaré ‘les Anglais n’ont pas tout dit’ ", écrivent-ils à Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense au moment de ces déclarations. Pour conclure : "Les familles ne comprendraient pas que vous continuiez à dissimuler ce que vous avez déclaré savoir de cette affaire."
Le lettre envoyée par Anis Harabi et Dominique Tricaud, les conseils des victimes, expose à Jean-Yves Le Drian : "Les familles des victimes ne comprennent pas que vous ne leur donniez pas les moyens d’accéder à la vérité qui est le préambule indispensable au travail de deuil."
"Le procès qui se tient actuellement à Londres est peut-être la dernière chance des victimes d’accéder à la vérité", soulignent les deux avocats.
Le courrier adressé ce vendredi à Jean-Yves Le Drian rappelle des zones d’ombre sur les exercices de bâtiments militaires dans la zone. Autre grief avancé : ne pas avoir filmé le flanc gauche de la coque lors d’une mission sur les lieux du drame quelques jours après le naufrage. Même si à l’époque du naufrage, c’est Michèle Alliot-Marie qui était Ministre de la Défense, accusée par cette même missive d’avoir dissimulé pendant plusieurs mois l’existence de manœuvres marines et sous-marines à proximité et le jour du naufrage.
Non lieu en France
Depuis lundi, la Haute Cour de Londres se penche pour trois semaines sur ce naufrage dans lequel ont péri les cinq membres d'équipage. En 2016, la justice française avait définitivement mis fin à son enquête, incapable de trancher entre l'hypothèse d'un sous-marin et celle, mise en avant dix ans plus tôt par le Bureau français d'enquêtes (BEAmer), d'un accident de pêche. Selon le juge Nigel Lickley, trois sous-marins opéraient dans la zone au moment du naufrage: le sous-marin néerlandais Dolfijn, remonté en surface et le plus proche lors du premier appel de détresse à 12H25, l'allemand U22, également en surface, et un britannique.
Un sous-marin en surface le jour du drame
Ce vendredi 8 octobre, des secouristes intervenus sur les lieux du drame ont témoigné à l'audience de la présence d'un sous-marin en surface. "Nous avons vu un sous-marin" sur la zone du drame, a déclaré Martin Brooman, un ancien lieutenant. Avec l'équipe de l'hélicoptère de sauvetage dans lequel il se trouvait, "on a discuté du fait que ce n'était pas bon de voir un sous-marin à proximité d'un bateau de pêche".
Invité à développer sa pensée, M. Brooman, qui a expliqué avoir travaillé dans un sous-marin, a déclaré : "Je ne peux pas spéculer sur ce qui s'est passé ce jour-là mais les sous-marins représentent une menace pour les chalutiers".
Le témoignage attendu d'Andrew Coles, commandant du HMS Turbulent la semaine prochaine
Mardi 12 octobre, Andrew Coles, commandant du HMS Turbulent, sera auditionné devant le juge et les avocats. Une séance de questions très attendues par les familles endeuillées pour qui ce sous-marin pourrait avoir accroché et entraîné vers le fond le chalutier breton.