Les professionnels de la pêche en Bretagne et dans les Pays de la Loire manquent de bras. Ils souhaitent embaucher, mais peinent à recruter. Pour constituer leurs équipages, les patrons pêcheurs se tournent vers des pêcheurs étrangers et notamment Sénégalais. Le film documentaire "Mor prend la barre" tourné en 2021 suit le parcours de l'un de ses marins.
Marin-pêcheur, c’est un métier qui n’attire plus beaucoup en France. Il y a du monde dans les écoles de pêche mais personne sur les quais. On parle de déserts médicaux mais la pêche connait exactement le même problème. L’image de la pêche est dégradée, c’est un métier dangereux, difficilement compatible avec la vie de famille. La cohabitation pêche et écologie est souvent pointée du doigt. Exemple récent, la décision de fermer le golfe de Gascogne durant un mois en février 2024 attise encore plus les tensions.
S'ajoute à cela la hausse des prix du gasoil et la concurrence entre pêche industrielle et artisanale de plus en plus rude. Tout cela ne fait plus vraiment rêver les jeunes et rendent ce métier moins attractif pour les marins pêcheurs de demain.
Des marins sénégalais nombreux à embarquer à la pêche
En 2021, les réalisateurs Erwan le Guillermic et David Morvan ont suivi pour le magazine Littoral le parcours durant plusieurs mois du marin Sénégalais Mor Diouf.
À l'époque, il était embarqué sur un chalutier de la Turballe. L'armateur et patron pêcheur Sébastien Viaud décrivait ainsi la problématique de l'emploi à la pêche :
Le problème des jeunes aujourd’hui, c’est qu’ils sortent de l’école, ils sont brevetés, c’est super mais ils veulent tous leurs week-ends ! Ils veulent travailler du lundi au vendredi. Notre métier ne le conçoit pas. Nous, on part 10- 12 jours en mer et nos week-ends tombent un lundi ou un mardi.
Sébastien Viaud,armateur et patron pêcheur
C'est ainsi que tout le long de la façade Atlantique, de Lorient à Arcachon, de nombreux armements font appel à des pêcheurs sénégalais. Mais derrière ce recours à une main d’œuvre compétente et bon marché se cache un autre sujet. Confrontés à l’épuisement des ressources au large du Sénégal, de plus en plus de pêcheurs sénégalais migrent vers la Mauritanie ou vers l’Europe à la recherche de meilleures conditions de vie.
Mor Diouf est arrivé à La Turballe en 2008, et c’est à bord du « El Amanecer » qu’il embarque.
À bord, l’équipage est entièrement Sénégalais à l’exception du capitaine Sébastien et du mousse Dylan. Sébastien Viaud, est un petit armateur de La Turballe qui emploie une vingtaine de matelots et possède deux autres petits chalutiers.
Au fil des années, Mor a obtenu un diplôme de Lieutenant (Capitaine 500) et il est devenu le second à bord.
Le film documentaire "Mor prend la barre" accompagne le parcours du marin exilé, à la fois en mer, le temps d'une marée, mais aussi à terre où Mor Diouf mène un autre combat pour tenter d'obtenir la naturalisation française.
Pour voir ou revoir le film "Mor prend la barre" dans son intégralité, rendez-vous sur la plateforme france.tv