Le Sénat a assoupli dans la nuit de mercredi à jeudi la Loi Littoral à l'occasion de l'examen de la proposition de loi destinée à adapter les territoires littoraux au changement climatique.
Le Sénat a adopté en première lecture cette proposition de loi initiée par les députés socialistes pour mieux prendre en compte le fait que la limite entre terre et mer, le "trait de côte", évolue chaque année du fait de l'érosion. Elle doit retourner à présent devant l'Assemblée nationale.Dents creuses
Les sénateurs ont voté un amendement proposant de nouvelles dispositions assouplissant la loi littoral, en particulier en autorisant le comblement des "dents creuses", c'est-à-dire les constructions sur des parcelles situées entre deux terrains construits dans un même hameau."Il ne s'agit pas de remettre en cause la Loi Littoral, texte protecteur des paysages, mais de l'adapter aux nouveaux enjeux des espaces littoraux et de répondre aux difficultés rencontrées par les élus locaux pour aménager leur territoire", a souligné l'auteur de l'amendement, Philippe Bas (LR, Manche).
"Brèche dans la Loi Littoral"
"Une brèche dans une digue annonce l'érosion d'un territoire entier. Une brèche dans la loi Littoral et elle sera balayée à la première tempête", a mis en garde en s'y opposant l'écologiste Ronan Dantec (Loire-Atlantique)."Si une rationalisation réglementée et une sécurisation juridique sont nécessaires, il n'est bien évidemment pas question un seul instant d'envisager la privatisation et le bétonnage des côtes", a déclaré de son côté Odette Herviaux (PS, Morbihan).
S'agissant de l'indemnisation des risques liés au recul du trait de côte, les sénateurs ont supprimé le nouveau mécanisme de financement jugé trop flou, au profit de l'intervention du fonds dit "Barnier" de prévention des risques naturels majeurs.
Meilleure prévention du recul du trait de côte
Technique, la proposition de loi, qui vient compléter les mesures déjà prises pour faire face aux inondations et submersions marines, vise une meilleure prévention du recul du trait de côte. Elle l'intègre par exemple dans les risques devant faire l'objet d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles et prévoit une meilleure information des populations, notamment dans l'immobilier.La ministre du logement Emmanuelle Cosse a rappelé que l'érosion "grignote peu à peu" les 7 500 km de côtes françaises, et que 303 communes métropolitaines ont été identifiées comme prioritaires pour prévenir les risques analogues à ceux révélés par la tempête Xynthia.