À l'heure où nous sommes quasiment tous confinés chez nous, les téléphones et ordinateurs sont plus que sollicités : télétravail, cours à distance... Les appareils sont en surchauffe, et heureusement les réparateurs ont le droit de poursuivre leur activité !
Imaginez un peu : un matin, vous allumez votre ordinateur, et... rien ! C'est déjà une tuile en temps normal, mais en plein confinement... Faut-il paniquer ? A priori non : les réparateurs d'ordinateurs font partie des commerces considérés comme essentiels et autorisés à poursuivre leur activité. Mais ça risque de prendre plus de temps...
Un écran qui refuse obstinément de s'allumer, la tablette qui vient de se fracasser sur le sol : il ne reste plus qu'à prendre son téléphone et géolocaliser le réparateur le plus proche. Dans les agglomérations, les enseignes sont légion. Mais force est de constater qu'elles ne répondent pas toujours à l'appel : sans doute ont-elles préféré baisser le rideau, dans des centres villes désertés.
Mais nombre de réparateurs sont des autoentrepreneurs, joignables sur leur portable : une aubaine par les temps qui courent.
"La continuité pédagogique passe par l'ordinateur"
Gilles Bouter est l'un d'eux. Sa société, Altobug se trouve à Merlevenez, dans les environs de Lorient. Il a annulé toutes ses interventions à domicile, mais accepte d'aller chercher des ordinateurs à réparer chez des clients. "Si vous avez des enfants, la continuité pédagogique passe par l'ordinateur. Et si vous êtes une personne isolée, souvent, vous n'avez plus que ça pour communiquer. Donc vous avez absolument besoin d'être dépanné" explique-t-il.
"Je demande au client de désinfecter l'ordinateur, lorsque j'arrive chez lui, je garde mes distances, et une fois rentré chez moi, je le désinfecte une nouvelle fois." Il prévient que le dépannage peut prendre plus de temps que d'habitude, d'abord parce qu'il doit aussi gérer ses enfants, ensuite, parce que les pièces de rechange peuvent manquer. "La Poste la plus proche a fermé. J'attendais une commande, on m'a averti qu'elle avait été redirigée vers un autre bureau. J'ai heureusement un peu de composants en stock, mais les délais sont forcément plus longs."
Parmi les activités commerciales autorisées, énumérées dans l'arrêté du 14 mars dernier, figurent les « réparateurs de biens personnels et domestiques ». Une formulation suffisamment vague pour que l'on n'ait pas à craindre de devoir vivre sans chaudière ou sans gazinière.
Dépannage "avec des pincettes"
Jean-Philippe André, dirigeant de l'entreprise CSEM à Brest, confirme que la réparation d'électroménager fait partie des professions qui ont le droit d'exercer à peu près normalement : "La seule chose qui a changé, c'est que mon collègue et moi nous n'intervenons plus chez les personnes. Soit le client peut me déposer l'objet à réparer à l'atelier, soit il le met devant la porte et je passe le chercher, mais je ne rentre pas. C'est sûr que s'il s'agit d'un lave linge ou d'une machine à laver, c'est compliqué, surtout si les personnes sont âgées."
"Je demande aux gens de m'appeler avant de déposer un objet : je n'accepte qu'un client à la fois, je le fais passer à l'arrière de mon local où il y a un sas. Je nettoie les objets avec des lingettes désinfectantes" précise Jean-Philippe André.
"Mais c'est très calme : d'habitude, on reçoit une cinquantaine de coups de fil par jour, on est tombé à dix. Je pense que les gens ne savent pas qu'on a le droit de continuer à faire appel à un réparateur."
Réparer vous-même : chiche ?
Sa société vend aussi des pièces détachées, et signe des temps, cette demande là est en hausse : "Avec tous les tutoriels qu'il y a en ligne, les gens réparent de plus en plus souvent eux-mêmes. D'un côté, c'est une bonne chose. Les mentalités changent : maintenant, on considère qu'une cafetière est réparable."
Le confinement va-t-il avoir pour conséquence de faire exploser la « réparation par soi-même » ? De nombreux sites y invitent, comme IFIXIT qui affirme que « vous en êtes capable » ou Spareka qui assure que « réparer, c'est facile ». Encore faut-il oser !..