Plusieurs victimes et proches de victimes présumées ont décidé de s'exprimer dans le cadre de l'affaire Le Scouarnec. Cet ex-chirurgien est soupçonné de viols et d'agressions sexuelles sur environ 250 mineurs. Les grands-parents de M. dénoncent une "omerta, un furoncle qu'il faut percer."
"Pourquoi on parle ? Pour aider les parents, les grands-parents, les frères et soeurs." Maury et Roland sont eux des grands-parents et ils ont pris la parole ce mercredi, lors d'une conférence de presse organisée à Paris, avec d'autres victimes présumées de Joël Le Scouarnec. Cet ex-chirurgien est suspecté de viols et d'agressions sexuelles sur environ 250 mineurs, y compris sur son lieu de travail dans plusieurs hôpitaux.
Leur petit-fils M, aujourd'hui âgé de 23 ans, a croisé le chemin de Joël Le Scouarnec aux urgences de l'hôpital de Quimperlé. Pris de vomissements en 2007, il y est emmené par son père et ses grands-parents. Roland se souvient du docteur Le Scouarnec : "Il présentait bien, il nous a mis en confiance. C'est lui qui nous a accueillis." Le médecin prend le jeune garçon avec lui et l'emmène dans une salle de consultation, pendant une demi-heure. Il sera finalement gardé la nuit pour une surveillance, sans la présence de son père qui voulait rester mais auquel on dira que ce n'est pas la peine.
"Qu'est-ce qu'il a fait par la suite ? On ne le sait pas" racontent les grands-parents. "Notre petit-fils ne nous a jamais rien dit à nous. Il s'est confié à Maître Satta (avocate de plusieurs victimes)." Ils déroulent ensuite le parcours chaotique de M., d'un changement notable dans son comportement teinté d'agressivité, de son mal-être permanent qui le conduisent vers la drogue. "M. avait 15 ans, on lui en donnait 20 ans" souligne la grand-mère. En octobre 2018, il dit : "Je vais très mal, je vais très mal." La voix de Maury tremble lorsqu'elle évoque la tentative de suicide de M. Elle ajoute aussi : "Il prenait énormément de douches, il se changeait sans cesse."
Le jeune homme apprend qu'il fait partie des victimes de Joël Le Scouarnec après une convocation chez les gendarmes en septembre 2018. Selon ses grands-parents, sa conduite addictive empire encore. Il ne précise jamais à ses médecins qu'il aurait été agressé sexuellement. M. évoque des flashs sur cette agression. Selon son avocate qui ne souhaite pas rentrer dans les détails, il fait partie de ceux qui se souviennent parfaitement bien de ce qu'ils ont vécu.La directrice de l'hôpital de Jonzac lui a servi des enfants sur un plateau pour qu'il s'amuse, je veux qu'elle soit dans le box des accusés, et l'Ordre des médecins aussi
Si les grands-parents de M. prennent la parole aujourd'hui c'est pour que cela serve à d'autres. "Il y a une omerta totale, c'est un furoncle qu'il faut percer", souligne le grand-père. "Il faut faire bloc pour aider toutes ses victimes et pour se soutenir entre proches. Il ne faut pas que cette violence reste enfouie. Il faut mettre les mots sur les maux."
M. est aujourd'hui hospitalisé en psychiatrie.
En mars 2020, un premier procès aura lieu à Saintes, à la suite des quatre premières plaintes déposées.