En Bretagne, les premiers effets de cette baisse de régime générale se font déjà ressentir dans les services de psychiatrie, qui accueillent des patients plus nombreux et au profil pas toujours habituel. Exemple à l'unité de psychiatrie de Pontivy.
"Moi je n’appelle pas ça un confinement, j’appelle ça une prison", confie un homme. Il est arrivé aux urgences de l'hôpital de Pontivy avec 3,19 grammes d’alcool dans le sang. Cet homme vit seul en Centre-Bretagne. Ses filles vivent à Paris, il ne les a pas vues depuis le premier confinement. 8 mois de séparation. 8 mois insupportables.
Il avait réussi à supporter le premier confinement. La situation était inédite et le cadre très sécuritaire. Mais le deuxième ne passe pas. Trop de solitude, trop peu de liberté. Pas de date de sortie de crise. Ce monsieur de 61 ans s'est mis à boire pour oublier ces journées qui n'en finissent pas. Il a dû être hospitalisé cette semaine par l'équipe du docteur Sperléa, chef du service de l'unité psychiatrique de l'association hospitalière de Bretagne de Pontivy.
Depuis le premier confinement, les patients y sont nombreux, 30% de plus que l’an dernier, selon le psychiatre.
"Il y a beaucoup de patients qui viennent de façon réactionnelle à tout ce que l’on vit et on se rend compte nous que cela retentit beaucoup sur la vie des gens en général, donc l’alcool, les idées suicidaires", indique Harmonie Dubois, infirmière. Et ce sont parfois des patients nouveaux, qui n'ont jamais été hospitalisés en psychiatrie jusqu'à présent, comme l'indique le docteur Sperléa.
De nouveaux profils inquiètent les soignants
Gwenaël Genest fait partie de ceux-là. Il n’avait jamais fréquenté d’hôpital psychiatrique. Il y a trois semaines, ce restaurateur de Pontivy a tenté de se suicider. Trop de dette et une nouvelle facture arrivée le matin même de son passage à l'acte : 7 350 euros à payer alors que son restaurant est fermé. Un matin, il a craqué. C'est sa femme arrivée plutôt que prévu qui l'a trouvé inanimé dans la maison. Il a passé près de 3 semaines dans le service du docteur Sperléa. Il a repris pied, mais craint la suite.
Victime de la crise économique, il espère ne pas être obligé de repasser par la case "hôpital". À Noël, il rejoindra sa famille et ses enfants. Et il ira encore mieux.
Une cellule nationale de soutien psychologique Covid-19 offre de l'aide pour les personnes en détresse psychologique pendant l'épidémie et le confinement, au 0 800 130 000 (numéro vert, 24h/24, 7j/7). En cas de grande détresse psycho-sociale (crise d'anxiété, idées suicidaires…), appelez le 15.