Depuis quelques années, les projets se multiplient autour du transport vélique. Voiliers de fret, de passagers, de croisière, ou encore de pêche. Les acteurs économiques s’organisent et la région Bretagne veut être pionnière en la matière.
Ils sont six, sont âgés de 20 à 32 ans, et participent depuis quelques semaines à une formation sur voiliers de travail. Une première en France.
Alice, fait des études d’ingénieurs et souhaite, plus tard, contribuer à développer cette filière. "Pendant un mois, nous avons eu la chance de rencontrer tous les acteurs de la voile de travail bretons : transport de passagers, de fret, voile scientifique, c’était très intéressant".
Des stagiaires en recherche d'emploi, issus de milieux variés, partagent tous la conviction que le transport à voile représente un métier d'avenir dans une société visant la décarbonation.
Cette formation m’intéresse car elle a pour but de contribuer à la résilience des littoraux français face au changement climatique.
Alice Caracchioli, bénéficiaire de la formation sur les voiliers de travail
Une formation dispensée par la Maison Glaz à Gâvres dans le Morbihan, en partenariat avec l’Université Bretagne Sud et des acteurs de l’économie sociale et solidaire comme l’agence ALOEN, et financée par la région à hauteur de 50 000 euros.
L’objectif de cette formation pré-qualifiante est d’abord de sensibiliser les demandeurs d’emplois aux métiers de la voile de travail. Pour embarquer en mer, il est aujourd'hui au préalable nécessaire de passer le certificat de matelot de pont.
"On s’est rendu compte qu’il y avait des trous dans la raquette et qu’il n’existait aucune formation en France pour faire de la voile de travail", constate Akira Lavault, co-fondatrice de la Maison Glaz. Et pourtant, c’est une véritable filière du transport vélique qui est train de naître en parallèle des métiers traditionnels.
Ce sont des projets qui commencent à émerger dans le monde économique, mais si on veut voir plus haut, il faut qu’on puisse accompagner la montée en compétence.
Akira Lavault, co-fondatrice de la Maison Glaz
Le premier voilier homologué pour la pêche en mer d'Iroise
Recruter des marins professionnels aguerris à la voile de travail, c’est aussi l’ambition de Charles Caby. Avec ses associés, il a créé en 2017 la coopérative armatrice de voiliers de travail Skravik à Plougastel dans le Finistère.
Le Skravik est un catamaran qui, depuis cet été, est le seul bateau à voile français homologué pour la pêche. La campagne doit débuter cet automne en mer d’Iroise et en rade de Brest. "Nous ne sommes pas sur une logique de remplacement des bateaux de pêche à moteur, mais de compléter ce qui existe aujourd’hui, précise Charles Caby, le co-fondateur de la société. Nous avons besoin de main d’œuvre et de compétences."
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La coopérative est aussi en train d’armer un deuxième navire de 14.5 mètres, le Morskoul, pour la pêche hauturière et pour des missions scientifiques. "C’est une filière d’avenir mais qui se conjugue au présent. Elle crée de l’emploi et est ancrée dans des problématiques sociétales, environnementales et sociales", ajoute Charles Caby.
Un nouveau voilier géant pour Grain de Sail
A plus grande échelle, l’entreprise Grain de Sail, ancrée à Saint-Malo en Ille-et-Vilaine continue de se développer. Ce mercredi 23 octobre, elle a annoncé la construction en 2027 d’un nouveau porte-conteneur propulsé à la voile et capable de traverser l’Atlantique en treize jours.
Le Grain de Sail III sera un géant de 110 mètres de long qui sortira des Chantiers de l’Atlantique. Il sera composé d’un équipage de 10 marins et pourra transporter 200 conteneurs.
Il disposera de trois voiles gigantesques de 4 000 m2 et permettra une décarbonation record du transport maritime avec un taux de 90 %. Jacques et Olivier Barreau les créateurs bretons de Grain de Sail ont compris très tôt que les enjeux écologiques pouvaient rejoindre le monde économique.
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Ils ont aussi annoncé une augmentation de capital de 20 millions d’euros, notamment pour partir à la conquête du marché américain d’ici 2030. Des initiatives saluées par la région Bretagne qui veut faire de la voile de travail « une des priorités » de sa mandature.
Les métiers de la voile sont des activités historiques et emblématiques de la Bretagne, mais qui commencent à émerger sous une autre forme. Nous avons ces activités qui sont sources d’innovations, à nous de les accompagner.
Gaël Le Meur, conseillère régionale déléguée aux formations maritimes
Pour le moment, impossible de chiffrer les retombées économiques et le volume d’emplois que cette nouvelle filière du transport vélique représente. Mais pour Akira Lavault cela va dans le bon sens car il est vital de trouver des solutions pour s’adapter au changement climatique.
"Il y a un enjeu de compétences mais aussi un enjeu de modèle économique et réglementaire. Il va falloir avancer de concert avec tous les acteurs de la filière, de la région et de l’Etat".