La persévérance de cette femme, portée par tout un collectif, a payé. Claire Masson, encartée Europe Ecologie – Les Verts, à la tête de la liste «Auray ville citoyenne» a été élue avec 42,61%, devançant largement ses trois opposants de centre droit, dont Jean Dumoulin, ancien maire d'Auray.
"Cela fait vingt ans, que j’ai ma carte chez les Verts !" affirme Claire Masson. Une carte qu’elle a prise, à l’aube de sa vie politique en 2001, en tant qu’adjointe à l’environnement, aux côtés de Michel Le Scouarnec, élu maire communiste en 1995.
Cela ne date pas d’hier et est encore moins lié à la prise de conscience générale de l’urgence écologique.Je ne suis pas prompte à retourner ma veste, en politique. Je reste fidèle à mes choix.
Cette femme de 52 ans est, d’ailleurs, la seule encartée de son équipe de campagne.
Mère de famille de trois enfants, elle s'est établie à Auray il y a 20 ans, après y avoir passé des vacances. Elle était tombée sous le charme de la ville.
En phase avec ses choix, dans sa vie privée et son engagement politique
Diplômée de l’école d’ingénieurs agronomes de Nancy, elle enchaîne un stage à l’Inra, dans le domaine des grandes cultures, puis travaillera à la Chambre d’Agriculture du Morbilhan, à Vannes, en étudiant plus précisément le bassin-versant du Frémeur.
Elle reconnaît avoir contribué à des avancées, en termes de réduction des pesticides. Mais, elle se rend compte que ces mesures sont "des pansements sur des jambes de bois. C’est tout un système qu’il faut repenser. Il existe un vrai problème d’autonomie de choix chez les agriculteurs. Des choix limités par ce ce leur imposent les grands groupements."
Pour elle, une vraie politique peut changer les choses. Elle décide de s’engager et sera élue à 32 ans. Au terme de ce premier mandat, elle reprendra les études et deviendra professeure de mathématiques.
Michel Le Scouarnec, l’ancien et emblématique maire communiste d’Auray, puis sénateur, ne tarit pas d’éloges, quand il parle de son ancienne adjointe à l’environnement.
Ils ont réussi, l’un et l’autre, à faire basculer la ville à gauche. Même si ravir la mairie à la droite en 1995 tenait encore plus de l’exploit. Une expérience commune qui les rapproche, sur fond de division de la droite. On le surnommait le « candidat de l’impossible ». Elle a surmonté aussi l’impossible, pendant ces municipales animées. Ils ont travaillé ensemble, pendant 7 ans, de 2001 à 2008.C’est une femme fidèle à ses engagements écologiques ! Elle vit en harmonie avec ses valeurs.
"Elle a mûri et est devenue très réfléchie. Elle ne risque pas de s’emballer sur des projets, sans recul" ajoute Michel Le Scouarnec.
Preuve en est, la campagne, qu’elle a su mener avec beaucoup de maîtrise et d’enthousiasme, d’après lui. Elle a multiplié les réunions, accompagnée par une sacrée équipe de campagne, constituée de citoyens.
"Les partis de gauche, dont l'UDB les ont soutenus, notamment avec la distribution de tracts."
"Elle sait ce qu’elle veut, mais reste toujours ouverte, prête à discuter. Je suis très confiant pour elle" confie-t-il pour terminer.
Un esprit d’équipe et ouverte au dialogue
L’heureuse élue parle avec pudeur de ses qualités. Elle tient plutôt à saluer l’énergie et la compétence de son équipe. Un collectif citoyen, créé de 240 personnes.
"Une synergie, qui a permis de soulever des montagnes. On ne savait pas qu’on allait vers cette belle victoire ! C’est une sacrée aventure humaine."
Le projet est écologique, basé sur la démocratie participative et sur une vraie solidarité.
Elle souhaite impulser un nouveau style avec son équipe, indépendante de tout parti politique et plutôt jeune dans l’ensemble.
"Nous y avons des membres, issus du monde associatif, comme des présidents de festival, habitués à la concertation. Nous ne serons pas retranchés dans un bureau. L’ambiance sera apaisée, au contact des habitants".
La future maire, qui était la seule candidate officiellement ancrée à gauche, reconnaît "qu’il y a beaucoup d’attentes et que la pression est là !"
Elle et le collectif entendent bien valoriser les atouts touristiques et environnementaux de cette ville de 14 000 habitants et y privilégier les modes de déplacements doux.
Sans oublier un projet de cantine scolaire en bio et la création d’un centre social.
Des défis qu'elle et son équipe se sentent prêts à relever.