"Je vous écris, certain que vous serez sensibles à cet appel, depuis vos foyers ou dans les services en première ligne face à cette épidémie" voici les premiers mots de Patrice Faure, Préfet du Morbihan, dans un courrier adressé à la population morbihannaise.
Le Préfet du Morbihan, Patrice Faure, vient de faire parvenir à notre rédaction une lettre officielle, dans laquelle il veut s'adresser à chacun de ses concitoyens.
Il rappelle : "De tous les territoires de la République où le virus se propage, le Morbihan est encore un des plus touchés. Pour autant, de tous les territoires de la République où des malades sont hospitalisés, le Morbihan est un des plus mobilisés depuis bientôt trois semaines."
"Notre terre est l'héritière de valeurs nobles que sont tout à la fois le courage, l'ardeur et la persévérance dans l'effort. Ses savoir-faire, son dynamisme et ses fleurons agricoles, comme industriels, font de notre département un élément essentiel de l'économie de notre pays."Je veux dire qu'il y a dans le moindre geste des soignants, des secours et de tous les services impliqués, une immensité d'héroïsme et de solidarité. Je n'oublie pas celles et ceux qui, au quotidien, se mobilisent dans la gestion interministérielle de cette crise sans précédent. Le peuple français en est le témoin reconnaissant.
Les guerres se gagnent à l'arrière : usines, bureaux, champs, bateaux et foyers !
"Si je vous écris cela, rajoute le serviteur de l'État, c'est parce que je sais d'expérience que les batailles se gagnent en première ligne, mais que c'est à l'arrière que se gagnent les guerres. Elles se jouent dans nos usines et nos bureaux, dans nos champs et nos bateaux, dans nos foyers et en nos cœurs.
En d'autres termes, c'est l'abattement d'un peuple, de ses idées et de son économie qui détermine la victoire ou la défaite, bien plus que les troupes qu'il aligne."
Un appel à la poursuite du travail
"Il nous faut être réactif, inventif et ouvert à de nouvelles organisations, de nouvelles pratiques.
Les pouvoirs publics sont lucides sur la nécessité d'adapter le cadre du travail : que ce soit en présentiel ou plus massivement encore, ainsi qu'y a incité le Président de la République, en télétravail. Les services de l'État vous accompagneront dans la pédagogie, dans l'empathie ; nous répondrons à vos questions.
J'appelle tous les concitoyens qui pourraient poursuivre leur travail à s'y employer vigoureusement dans la mesure de leur possible et dans le respect des décisions du Président de la République et du Gouvernement.
L'économie, maillon vital pour éviter la pire récession du siècle
"Nous allons vaincre ce virus. Nous allons vaincre cette épidémie. Pourtant, cette victoire tactique risque être suivie d'une défaite stratégique si nous ne savons pas conjurer l'autre fléau qui nous menace : la pire récession du siècle. C'est pourquoi notre économie ne doit pas s'arrêter.
La continuité de chacun de ses maillons est vitale, par exemple, pour nos soignants et leurs infrastructures tous déjà très fortement mobilisés. Elle est vitale, aussi, pour nous tous qui sommes des consommateurs effrénés de services, de biens de consommation courante dont on a, bien trop souvent, oublié le caractère essentiel."
Les consignes présidentielles et gouvernementales impliquent certes de réduire les déplacements au strict minimum pour les individus, de restreindre la vie sociale à sa plus simple expression et de fermer certains commerces et secteurs d'activités.
Pour autant, la nécessaire prise de conscience de ces derniers jours, a conduit à ce que ces consignes soient surinterprétées.
Un très grand nombre d'entreprises, dans des secteurs qui n'étaient visés ni par les interdictions, ni par les dispositifs de soutien des pouvoirs publics, ont fermé. Ce geste occasionne un danger certain à l'économie, à la chaîne logistique, aux approvisionnements et à terme à la stabilité financière de tout le pays.
Aussi, à ce stade des consignes et de l'épidémie, afin que la continuité de l'économie du territoire soit assurée,
je demande à toutes les entreprises susceptibles de poursuivre, même partiellement, leur activité, dans le respect du droit et des gestes barrières, de rouvrir. Les services de l'État vous accompagneront et répondront à vos questions, à vos attentes. C'est un geste de responsabilité et de discernement qu'elles doivent accomplir, pour elles-mêmes et pour leur pays."
Patrick Faure termine sa missive avec une citation de l'écrivain Albert Camus, tirée de son roman "La Peste": " Ce qui est naturel, c'est le microbe, le reste, la santé, l'intégrité, la pureté, si vous voulez, c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter !"