Sylvain Vatiné, habitant de Belle-île-en-Mer, a organisé l'accueil de son ex-femme ukrainienne et de ses proches qui ont fui la guerre. Ils ont été les premiers réfugiés arrivés en Bretagne. Après avoir collectés des dons auprès des bellilois, il a fait le chemin inverse pour aider sur place. Un long périple.
Les trois premiers réfugiés ukrainiens arrivés en Bretagne ont débarqué lundi 28 février au port de Le Palais à Belle-île-en-Mer. Nataliaa, une Ukrainienne qui vit sur place, accompagnée de son ex-mari Sylvain Vatiné, a accueilli Olena, sa sœur, son fils Mycola et sa belle-fille Lidiia.
La fin d'un long périple pour fuir leur pays qui a basculé dans la guerre. Mais Sylvain Vatiné n'a pas voulu en rester là. Alors que la commune de le Palais, chez lui, se mobilise pour collecter des dons et des produits de première nécessité, il a lui même décidé de faire un voyage à destination de l'Ukraine avec sa voiture et une remorque remplies de couvertures, duvets, denrées sèches, 150 litres de lait, des fruits.... tout ce qu'il a pu charger.
Un long périple jusqu'à la frontière entre Roumanie et Ukraine
Il y a certes l'inconnu, mais la volonté d'aider à sa mesure est plus forte, alors que sa famille de cœur est dans la tourmente. Ce mercredi 9 mars, il nous livre son témoignage depuis Tchernivtsi , une ville ukrainienne proche de la frontière de la Roumanie. C'est là qu'il a rejoint Vitali, son ex-beau frère et sa famille, qui ont fuit Kiev et ont pu louer un appartement dans cette commune un peu plus épargnée pour le moment que la capitale.
Le périple de Sylvain n'a pas été simple explique t-il : "Mulhouse, Munich, Vienne puis Budapest puis j'ai rejoint la frontière de la Roumanie. La fin de l'itinéraire a été compliqué. J'ai suivi une route difficile et fait 150 kms dans la montagne sous la neige. Enfin, je suis arrivé à Siret ,au Nord-est de la Roumanie. C'est l'un des principaux points de passage vers le Nord de l'Ukraine, qui possède à la fois un poste frontière par la route et par le rail entre les deux pays." Mais son opération a réussi !
Une fois à la frontière, j'ai pu passer la douane quand les gardes roumains ont compris que je transportais des dons pour les Ukrainiens. J'ai emprunté le couloir humanitaire et j'ai livré ma marchandise dans un centre de ressources organisé par des bénévoles qui assurent sur place la logistique et la distribution aux populations .
Sylvain Vatiné
Les bénévoles ont été admirables. Ils sont très bien organisés. Ils trient tout les dons qui leur parviennent. Ils m'ont offert un café et se sont excusés de ne pas avoir de table. On s'est installé autour d'un gros carton. Je leur ai dit en souriant : "A la guerre comme à la guerre !"
A la frontière, les gens avaient l'air hagard, il faisait moins 9 degrés.
Le Breton se dit ébranlé par ce qu'il a vu sur sa route. "J'ai préféré me blinder pour aller jusqu'au bout mais c'était dur" confit-il.
"Au poste frontière, il faisait froid, moins 9 degrés quand je suis passé. J'ai vu des femmes et des enfants à pied, des vieilles dames avec des poussettes. Les gens avaient l'air hagard, certains avec leur chien ou leur chat !" Il y avait des tentes de la Croix rouge et d'organisations humanitaires et des distributions de boissons chaudes. Sur la route, sur une dizaine de kilomètres, il y avait des files de voitures à l'arrêt qui attendaient pour passer le check- point. Je n'ai même pas voulu faire de photos. Je me suis concentré sur la mission que je m'étais fixé."
Une mère et ses 3 enfants dans la voiture pour le retour en Bretagne
Sylvain Vatiné compte reprendre le chemin de Belle-île prochainement. Il va ramener une mère de famille et ses trois enfants qui comptent parmi les connaissances de son ex beau-frère. Il a déjà plusieurs propositions de logements pour eux de la part de ces concitoyens bellilois. Il espère pouvoir à nouveau faire envoyer de l'aide d'urgence et va tenter d'organiser un convoi de bus pour venir chercher d'autres ukrainiens.