Ce week-end, à partir du 10 mars 2024, un épisode de grandes marées débutera sur les côtes bretonnes. Au programme, pas de grandes vagues, mais plutôt un nouveau terrain de jeu sur le littoral découvert à marée basse.
"Je me rappelle de la dernière marée du siècle en mars 2015, c'était totalement calme. Les gens se sont amassés à Saint-Malo parce qu'ils avaient beaucoup d'attente, mais c'était très calme", se souvient Mathieu Rivrin. Le photographe est un chasseur d'images fortes, notamment pendant les grandes marées, une période très propice à la prise d'images exceptionnelles.
"Ça va faire pschitt."
Les coefficients de marée seront très élevés dans les prochains jours. Ils atteindront par exemple 116 à Saint-Malo ou Loctudy à partir de lundi 11 mars. Les départements du Finistère et du Morbihan ont été placés en vigilance jaune vagues-submersion.
En février 2024, Mathieu Rivrin avait filmé des vagues d'une hauteur impressionnante lors de la tempête Carlotta.
Néanmoins, pour ces grandes marées d'équinoxe, Mathieu Rivrin recommande de ne pas s'attendre aux presque traditionnelles fortes vagues sur le littoral breton. "Ça va faire pschitt, à Saint-Malo, mardi matin, quand on aura le plus gros coefficient, il y aura 30 centimètres de vagues et 10 km/h de vent", souligne-t-il, tout en nuançant : "S'il y a une marée où potentiellement, ça peut être spectaculaire, c'est celle de lundi soir en début de nuit, à partir de 19h. On montera à 12 ou 13 mètres de hauteur d'eau à Saint-Malo."
Une différence importante entre marée basse et marée haute
Mais d'autres conditions distingueront cet épisode de grandes marées. "La marée est un phénomène astronomique La lune attire la masse d’eau à elle et le soleil joue un rôle important. Aux équinoxes de printemps et d'automne, les forces d'attraction des deux astres s'ajoutent, en mars et en septembre", précise Hugo Besnier.
Le passionné de grandes marées tient à appuyer sur un point : le marnage, c'est-à-dire la différence de hauteur d'eau entre marée basse et marée haute. "L'eau monte de 13 mètres environ en un peu plus de cinq heures. Mardi, entre 16h50 et 19h40, la marée montera de dix mètres", explique-t-il. "La météo est ici un facteur aggravant, uniquement sur le littoral atlantique. Il y a moins de pression, donc l'eau peut monter plus haut, ce qui va permettre de dépasser la hauteur d'eau de la marée astronomique."
Mardi, entre 16h50 et 19h40, l'eau va monter de dix mètres.
Hugo BesnierPassionné de grandes marées
Une dépression est en effet en train de remonter du Golfe de Gascogne, avec des pressions très basses sur l'océan Atlantique. La Charente-Maritime et la Gironde ont d'ailleurs été placées en vigilance orange vagues-submersion.
Conséquences selon Hugo Besnier sur le littoral atlantique, "une hausse du niveau de 20 à 25 centimètres. On sera donc entre 30 et 40 centimètres de surcote ce dimanche matin, c'est-à-dire de différence avec la hauteur d'eau prédite lors de la marée astronomique."
À lire aussi : Grandes marées : appel à la prudence des préfectures bretonnes
À Saint-Malo, d'après le passionné, ces chiffres n'auraient pas été observés depuis 2019 en pleine mer et 2020 en basse mer. L'eau pourrait monter d'une dizaine de centimètres au-dessus de la hauteur d'eau observée dans cette vidéo. Elle atteindra 13,47 mètres mardi 12 mars 2024 au matin.
Pas de vagues, certes, mais la surcote pourrait entraîner des submersions en raison des fortes hauteurs d'eau. Seront donc particulièrement concernées les communes plutôt proches du niveau de la mer. "À Binic (Côtes-d'Armor) par exemple, le port est très bas, la mer, à coup sûr, va déborder et va passer à quelques mètres ou dans les restaurants."
Un épisode impressionnant à marée basse
Le spectacle vaudra quand même le détour pour le photographe Mathieu Rivrin. "On aura un contraste entre la marée haute et la marée basse. Marée haute, on sera de nuit, avec une atmosphère d'apocalypse, alors que l’après-midi, ce sera la plage aux Caraïbes, la température en moins", prévoit-il.
Le matin, ce sera l'apocalypse, l'après-midi, la plage aux Caraïbes.
Mathieu RivrinPhotographe
"Quand on est peu connaisseur de ce phénomène de marnage, si tu peux rester six heures d'affilée, c’est impressionnant !", s'exclame Rémi Lemenicier.
Le photographe ajoute :"On associe trop souvent les grandes marées à la marée haute, mais il y a aussi la marée basse. On peut se balader sur les îles, comparer les deux vues. À Saint-Malo, le fort du Petit Bé sera accessible par exemple."
Rémi Lemenicier, lui, aura quitté la cité malouine pour le Mont-Saint-Michel : "Les marées basses, c'est compliqué à mettre en photo, sauf en drone ou en ULM. L'eau est très loin, mais on voit quand même les gens qui pêchent à pied."