Sur l’île de Groix dans le Morbihan, la boulangerie est à reprendre. Si en cette période estivale, les clients se bousculent, la soixantaine venant, après une vie de labeur, les propriétaires aimeraient passer la main. Encore faut-il trouver quelqu’un.
En ce dimanche matin, dans l'unique boulangerie de l’Ile de Groix, pas moins de six vendeuses pour accueillir les clients.
La saison estivale bat son plein, on se bouscule pour venir acheter son pain, ses pâtisseries, ses crêpes, et dans le fournil, on ne chôme pas non plus. En ce moment, c’est 1000 baguettes par jour, 100 kg de pain bio, 400 croissants, sans compter, les pains spéciaux, les brioches, les gâteaux.
Passer la main, après une longue carrière
Ici, le commerce emploie dix salariés l'hiver, ils sont vingt en été.
Le chiffre d'affaires est bon, le commerce est rentable, mais les patrons aimeraient passer la main. À bientôt 60 ans, ils ont connu quelques pépins de santé, les corps sont fatigués.
"Ça commence à tirer" reconnaît Roselyne, "Je n'ai plus 20 ans, sourit André. J'aimerais me reposer. Voyager un peu, profiter de ma petite fille, et même si l’on prenait un peu de vacances, récupérer ce temps libre qu’on a mis de côté pendant notre carrière".
Pas de repreneur pour l'instant
Mais pour trouver un repreneur, c’est tout sauf du gâteau.
"Pour l'instant, on n'a personne", poursuit André. "Il y a eu l'augmentation violente des coûts de l’énergie qui peut dissuader, Mais ici, assure-t-il, si l’on a augmenté un peu les prix, l’affaire est suffisamment solide pour amortir la hausse".
En fait, dit-il, "c’est un commerce qui conviendrait à quelqu'un pour une 2ᵉ ou une 3ᵉ affaire. Parfois, on sent que le caractère insulaire peut en repousser certains. Mais ici, justement, ce qui est top, c’est le lien social avec les gens. Le cadre de vie est magnifique, et pour les enfants, il y a le collège à côté, et la plage".
"On est prêts à accompagner pour passer le témoin"
André et Roselyne se donnent encore quelques mois pour trouver un repreneur, quitte à baisser un peu le prix du fonds de commerce, fixé à 600 000 euros. "Et puis, on est prêt à accompagner celui qui reprendra pour passer le témoin. D’autant qu’arrêter d’un seul coup, ça ferait tout drôle. Cette boulangerie, c’est toute notre vie".
Et c'est surtout la seule de Groix, indispensable aux yeux des clients. Ces derniers mois, une autre boulangerie, et la seule boucherie de l'île ont déjà baissé le rideau.