Après un mois de février historiquement sec, la pluie fait son grand retour en Bretagne. Un soulagement pour les agriculteurs, qui doivent, tout de même, adapter leurs cultures et leurs pratiques à ces épisodes de sécheresse.
Les niveaux de précipitations de ce mois de février 2023 sont à 80% inférieurs à la normale, selon le bureau de recherche géologique et minière de Bretagne.
En conséquence, les nappes phréatiques sont toujours à un niveau bas. La pluie qui tombe sur la Bretagne depuis mercredi 8 mars, était donc très attendue, notamment par les agriculteurs.
"C’est un soulagement, on dort mieux" réagit Alexandre Herlin, maraîcher bio à Pluvigner, dans le Morbihan.
Des goutte-à-goutte en plein hiver
Pour faire pousser les premiers légumes de la saison, Alexandre et Florence, sa compagne, en sont arrivés à utiliser des goutte-à-goutte, en plein hiver. Une situation qu’ils n’auraient jamais crue possible en Bretagne. "Ça faisait un mois qu’on n’avait pas d’eau et les sols étaient secs. Pour le démarrage de la plantule, c’était vraiment important d’arroser " explique le maraîcher.
Le couple, installé en maraîchage bio depuis 5 ans, a lancé une production à taille humaine, alimentée en eau par deux forages. Mais ces sources d'eau sont désormais insuffisantes. La sécheresse de l'été dernier les a contraints à faire des choix.
Des pertes de cultures et des pertes financières
"On a dû faire des sacrifices, raconte Florence Papin, on n'arrosait plus certaines cultures, et on n'a pas mis en terre les légumes d’hiver". "On a fait moins de poireaux, moins de choux, ce qui a eu des conséquences économiques assez importantes" ajoute Alexandre.
L'année dernière, leur petite entreprise a enregistré 11 000 euros de pertes.
Pour s’adapter à cette sécheresse, ils ont décidé de s’équiper. Dans les jardins de Scoulboch, la priorité est désormais donnée à la récupération des eaux de pluie. Les gérants ont aussi fait creuser une mare qui leur servira de bassin naturel pour arroser.
"On est persuadés que ça va nous amener à des pratiques culturales différentes" commente Florence. "On va économiser l’eau puisqu’on va utiliser davantage le goutte à goutte et faire plus de paillage. Ça va améliorer la qualité de nos sols" assure avec conviction la maraîchère.
En attendant, Florence et Alexandre ont lancé une campagne de financement participatif pour les aider à supporter les coûts de ces différents aménagements.
La pluie, elle, devrait continuer à arroser la Bretagne jusqu'au 19 mars.
(avec Nicolas Corbard)