"Donnez-nous vos fruits, vous aurez la banane, offrez-nous vos légumes, vous aurez la patate !" Les Restos du Cœur de Lorient ont choisi le sourire pour lancer leur appel à l’aide. Ils ont besoin de fruits et de légumes frais pour leurs bénéficiaires.
C’est un peu le contre coup de la loi sur le gaspillage alimentaire, dite Loi Garot. Depuis 2016, les grandes surfaces ont l’interdiction de jeter leurs invendus. Elles, qui étaient responsables de 14% du gaspillage (10 millions de tonnes d'aliments consommables sont jetés chaque année en France) ont appris à mieux gérer leurs stocks, de fruits et de légumes notamment.
Résultat, dans leurs tournées de ramassage, les Restos du Cœur de Lorient trouvent de moins en moins de tomates, de salades ou de poires.
"La baisse n’est pas quantifiable, mais on la voit " indique Jean-Joseph Le Borgne, responsable des Restos de Lorient.
Comment diversifier les approvisionnements ?
"Nous nous sommes tournés vers les entreprises agroalimentaires, des transformateurs de légumes, explique -t-il. Ils compensent et grâce à eux le volume reste stable. Mais nous savons que les industriels font eux aussi tout leur possible pour ne rien jeter."
"Quelques maraîchers du secteur fournissent leurs invendus, mais cela ne suffit pas pour remplir les paniers des 500 familles bénéficiaires des Restos de Lorient."
Les jardins, sources de richesses
Jean-Joseph Le Borgne lance donc un appel à tous les jardiniers, tous ceux qui ont un petit ( ou un grand) potager ou quelques arbres fruitiers. "Si vos pieds de courgettes donnent trop, que votre pommier croule sous les fruits, donnez les nous !"
"Cette semaine, plusieurs particuliers sont passés pour déposer un cageot de pêches, un panier de raisin, relate le responsable, ça fait chaud au cœur et cela fera du bien, dans les bouches et dans les ventres. Car les légumes des jardiniers amateurs, c’est souvent très bons, très frais, très peu traités. Ce sont des bons produits à offrir à nos bénéficiaires".
"L’idéal pour ceux qui ont quelque chose à nous offrir, c’est de venir pendant les heures d’ouverture du centre, ( 3 rue Francine Déporté, 56 100 Lorient, 02 97 21 72 40 ) pour que leurs dons ne s’abiment pas en restant dehors" tientil à préciser. "Et c 'est mieux que les gens nous livrent. Immobiliser un véhicule, de l'essene et un bénévole pour aller chercher un sac de pommes de terre, cela n'aurait pas de sens. Nous ne fonctionnons qu'avec l'argent des dons, c'est très précieux, on ne peut pas le gaspiller. "
Un coin de jardin pour ceux qui ont faim ?
"Et si les gens viennent régulièrement, cela peut même leur donner des idées, se prend à rêver Jean Joseph Le Borgne. Quand ils plantent leurs pieds de tomates au printemps, ils en mettent un de plus pour les Restos. Quand ils sèment leurs haricots, ils en font un rang de plus pour ceux qui ont faim.Pour ceux qui le peuvent et qui ont la place et un peu de temps, ce serait un joli geste de solidarité. "
Coluche aurait sans doute adoré l’idée.