Le dépôt pétrolier de Lorient est bloqué depuis le 25 janvier par des entreprises bretonnes de travaux publics, et celui de Brest pourrait connaître le même sort. Le secteur demande au gouvernement une exonération des nouvelles taxes sur le gazole non routier (GNR), revendication qu'ont obtenue les agriculteurs.
Une trentaine de poids lourds bloque l'entrée du dépôt pétrolier de Lorient (Morbihan) depuis le 25 janvier. "On est arrivés ici jeudi midi, il y a un peu plus d'une semaine," raconte Norbert Guillou, président de la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage du Morbihan (CNATP 56), à l'initiative du blocage.
Des entreprises du secteur - Questembert, Gourin, quelques-unes du Finistère - ont répondu présentes en déposant leurs pelleteuses et camions devant le dépôt. Mais on dénombre quelques tracteurs. "À l'origine, on était venus en soutien du monde agricole, finalement les agriculteurs sont restés en soutien, les rôles sont inversés ! sourit le responsable syndical. Le gouvernement veut diviser pour mieux régner, nous, on s'unit pour mieux combattre."
Le GNR au cœur du problème
Professionnels du BTP et agriculteurs étaient jusque-là concernés par l'augmentation des taxes sur le gazole non routier (GNR) au 1er janvier 2024. "On avait la même revendication vis-à-vis du GNR, à savoir l'exonération des taxes supplémentaires qu'on doit payer depuis le 1er janvier 2024. Jusqu'en 2030, [le gouvernement veut] nous ajouter 6 centimes [au litre] par an de taxe pour rejoindre les prix du gasoil. Le monde agricole a eu gain de cause, mais pas nous. Donc on continue à se battre," confie Norbert Guillou.
Les professionnels du bâtiment estiment que cette différence de traitement entre BTP et agriculteurs pourrait entraîner une concurrence déloyale, puisque "les agriculteurs font des travaux publics aujourd'hui, assure Norbert Guillou. On ne peut pas faire le même métier sans avoir le même prix de carburant." À terme, en 2030, l'écart du prix payé au litre entre les deux secteurs pourrait atteindre 57 centimes.
En lien constant avec le gouvernement, les syndicats du BTP espèrent avoir rapidement une proposition de la part de Bercy. "On restera là tant qu'on n'a pas gain de cause," glisse Norbert Guillou. À défaut de pouvoir s'alimenter à Lorient, les stations services du secteur s'approvisionnent aux dépôts de Donges (Loire-Atlantique) et de Brest. Mais, ajoute le responsable syndical, "Brest fermera aussi si les propositions ne conviennent pas, on a le même syndicat qui est prêt à réagir s'il faut."
Avec Romuald Bonnant.