Le GNR (Gazole non-routier) est un carburant réservé aux agriculteurs et aux entreprises de travaux publics. Pour amorcer une transition écologique, le gouvernement a décidé une hausse progressive de sa fiscalité à partir de ce premier janvier. Dans les exploitations, cette évolution préoccupe.
Anthony Feissat est éleveur de bovins à Bessines, en Haute-Vienne. Il a rempli sa cuve de GNR de 2 500 litres juste avant Noël et nous détaille sa facture : "Pour 2 500 litres, c’est 2 600 euros hors taxe, après, il faut rajouter 500 euros de TVA. Pour la même livraison, si les cours du pétrole se maintiennent, on va devoir rajouter 150 euros. Et on a 10 livraisons dans l’année."
Pour lui, la baisse des aides de l’État représente évidemment une mauvaise nouvelle, car le coût de l’énergie ne cesse d’augmenter : "D’une dépense de 7 ou 8 000 euros par an il y a trois ans, on est passé à un peu plus de 15 000 euros sur l’exploitation."
Objectif écologique
Le GNR est un carburant de couleur rouge qui alimente les moteurs des véhicules « non-routiers ». Il a des caractéristiques proches de celles du fioul, mais sa composition est légèrement différente, avec moins de soufre, et une part de biocarburants. Il est utilisé en France depuis 2011 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des moteurs industriels.
Jusqu’ici, l’État remboursait aux agriculteurs une partie des taxes liées à ce carburant. Désormais, toujours dans un objectif écologique, ce montant va baisser progressivement, à partir de ce premier janvier et jusqu’en 2030.
Selon le ministre de l’Économie Bruno Lemaire, l’intégralité des nouvelles recettes fiscales sera reversée aux agriculteurs. Il veut également mettre en place des mécanismes de compensations "pour accompagner la transformation et l'achat d'engins qui soient moins polluants".
Compensations
Pas de quoi convaincre Pierre Missou, éleveur de bovins à Vicq-sur-Breuilh et membre de la Coordination Rurale, syndicat majoritaire en Haute-Vienne. Il nous fait part de son incompréhension : "On nourrit les gens au quotidien, j’estime qu’on a droit à un carburant agricole à bas prix. Sinon, le prix de la viande va encore grimper."
Les agriculteurs attendent maintenant d’avoir des précisions sur les compensations évoquées par le gouvernement : financement de tracteurs roulant à un autre carburant, ou aides pour la transition.