Vous connaissez probablement les piscines Tournesol ? Peut-être même, y avez vous appris à nager comme beaucoup de Français et comme Laure et Florent Manaudou ou encore Alain Bernard, champions de natation. En forme de soucoupes volantes, ces piscines, construites dans les années 70, disparaissent peu à peu du paysage. Les deux dernières en Bretagne sont menacées. Plongée dans l’histoire de ces piscines hors du commun.
Elles ont une apparence un peu surprenante... et suscitent des commentaires variés : "C'est amusant, on dirait un petit champignon", "moi, je dirais un saladier", "plutôt une piscine soleil", "un parapluie", "un oursin", "un bol". En tout cas, elles ne laissent pas indifférent.
Et pourtant, en Bretagne, la plupart des piscines Tournesol ont été détruites. Alors, faut-il conserver celles qui restent ? Les piscines tournesol ont été construites à la chaîne : un dôme de 1000 m², un bassin de 25 mètres, elles sont toutes fabriquées sur le même modèle.
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"Tout est dans son jus"
"La Tournesol" de Lorient est la seule de Bretagne à n’avoir pas changé depuis 1977 : "Tout est dans son jus. Il y a bien eu quelques coups de peinture sur les bancs à certains endroits, mais globalement, ça vieillit bien, ça tient", commente Yvan Bernard-Niaison, éducateur sportif de la ville de Lorient.
Le succès des piscines Tournesol... a néanmoins été provoqué, à la base, par un échec ! Celui des nageurs français aux Jeux olympiques de Mexico en 1968. Piqué au vif, le général de Gaulle fait de l’apprentissage de la natation une priorité en France.
Un an plus tard, une série de noyades choque l’opinion publique. Il faut construire au plus vite des piscines, qui seront aussi l’emblème de la modernisation des communes rurales. Des piscines ultramodernes dont le dôme peut s'ouvrir aux beaux jours.
"On est attachés à cette piscine"
Aujourd’hui, le dôme de la piscine tournesol de Lorient ne s’ouvre plus... mais sa raison d’être n’a pas changé. Lorient a mis à disposition des établissements scolaires trois éducateurs employés par la ville. Objectif : apprendre à nager à l'ensemble des enfants de cette commune littorale.
En plus des scolaires, la piscine est très fréquentée par les clubs sportifs, qui y ont accès gratuitement.
Jusqu’à 800 personnes nagent ici, 6 jours sur 7. "Avec les nouvelles normes, c'est sûr qu'au niveau acoustique et thermique, ce n'est pas forcément le top, mais est-ce que ça n'est pas plus écologique finalement de la garder que d'en faire une nouvelle ? En tout cas, elle a son charme et on y est attachés à cette piscine", poursuit l'éducateur sportif de Lorient.
Avec les nouvelles normes, c'est sûr qu'au niveau acoustique et thermique, ce n'est pas forcément le top, mais est-ce que ça n'est pas plus écologique finalement de la garder que d'en faire une nouvelle ?
Yvan Bernard-NiaisonÉducateur sportif - ville de Lorient
Une étude a été lancée par la ville de Lorient pour déterminer s’il faut rénover, agrandir ou remplacer la piscine : "Elle a les défauts de son âge, ce qui fait que maintenant, elle est très énergivore. Se pose réellement la question de la maintenir en état dans une activité de piscine", explique Fabien Audard, adjoint aux sports à la ville de Lorient.
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Des piscines populaires, patrimoniales... mais coûteuses
Des piscines populaires, mais qui n’ont pas eu toute la même longévité. Sur les 183 piscines tournesol, huit ont été construites en Bretagne. Aujourd’hui, il n’en reste plus que deux dans notre région. La piscine tournesol de Nivillac, elle aussi dans le Morbihan, fête cette année ses 50 ans.
Stéphane Boullard y a appris à nager. Et depuis 38 ans, l'agent de maintenance au service des sports à la communauté de communes Arc Sud Bretagne, a aussi suivi toutes ses transformations : nouveaux vestiaires, nouvelle coupole, création d’un étage et renforcement de la structure fragilisée par la corrosion : "Les gens sont quand même demandeurs de cette piscine. C'est la seule de la communauté de communes. On essaie de la bichonner pour la garder le plus longtemps possible".
Les usages évoluent
Mais jusqu’à quand ? Car aujourd’hui, les usages évoluent. La population recherche des piscines plus spacieuses et équipée de toboggans ou de spas. Il faut aussi pouvoir accueillir les scolaires : "Est-ce qu'il faut garder le lieu. Est-ce qu'il faut faire quelque chose ailleurs pour l'avenir ? On a une étude d'opportunité qui va être mise en place et ce sera une décision politique attendue dans les années à venir", selon Noël Paul, vice-président chargé des sports à la communauté de communes Arc Sud Bretagne.
Ces piscines tournesol sont donc populaires et patrimoniales, mais elles sont aussi coûteuses, énergivores, et ne sont plus toujours adaptées aux attentes de la population. Seront-elles encore debout dans les cinq prochaines années ? C’est le moment pour Lorient et Nivillac de se jeter dans le grand bain.
(Avec Nicolas Corbard et Yoann Etienne)
