Depuis hier, les ministres de la pêche de l’Union Européenne négocient sur la question délicate des quotas de pêche. Tractations difficiles et tendues. Quelle est l'état d'esprit des acteurs de la filière à Lorient, le deuxième port de pêche français?
Les ministres de la pêche de l'Union Européenne ont entamé lundi leur concertation annuelle sur les quotas de capture. Un marchandage, qui s'annonce serré pour préserver les intérêts des pêcheurs face aux impératifs de protection des stocks avancés par la Commission européenne.
Les négociations "vont être très difficiles", et risquent de se poursuivre jusqu'à très tard dans la nuit de mardi à mercredi, terme prévu de la réunion ministérielle, a prévenu dès hier à Bruxelles le ministre irlandais, Simon Coveney.
"La question est d'obtenir un équilibre (...) d'être responsables à la fois envers les stocks de poissons et les communautés de pêcheurs", a-t-il avancé, relevant que la Commission européenne avait proposé des "réductions drastiques" des quotas de pêche. Elle préconise notamment des baisses respectives de 33% et 75% pour les captures de cabillaud et d'églefin dans l'Atlantique et la Mer du nord. Elle plaide aussi pour une réduction de la capture des soles communes de 37% à 45% en mer d'Irlande, ce qui devrait conduire les ministres français et espagnol à se lancer dans une "bataille de la sole" pour préserver les intérêts de leurs pêcheurs.
Des réductions de capture nécessaires selon la Commission européenne
Pour Maria Damanaki, commissaire à la Pêche, cette retenue s'impose, car les stocks de cabillaud de la mer d'Irlande et du Kattegat (entre le Danemark et la Suède) "continuent d'être dans un état déplorable", tandis que "la sole de la mer d'Irlande se situe à des niveaux extrêmement bas". Pire, "les stocks de cabillaud et de merlan de l'ouest de l'Écosse sont menacés d'épuisement", avait-elle mis en garde en octobre.Pour la trentaine de stocks sur lesquels les scientifiques ne disposent pas d'assez de données, la Commission recommande des variations de plus ou moins 20% par rapport à l'année dernière, selon les tendances observées. Pour ces stocks peu connus, l'UE a renvoyé à 2020 la garantie d'une gestion durable, une échéance que les grands pays pêcheurs, Espagne et France en tête, ne souhaitent pas anticiper. La nouvelle politique commune de la pêche a été réformée au forceps au printemps pour mieux garantir la survie des poissons et pêcheurs en luttant contre la surpêche.
Reportage sur le port de Lorient (56) sur les enjeux de la pêche :
Intervenants du reportage :- Jean-Pierre Le Visage, armement SCAPECHE
- Gwénaël Le Diodic, matelot du Guevellezed
- Jean Piel, comité des Pêches de Bretagne
- Alain Le Sann, collectif Pêche & Développement